Statistique Canada a présenté ce vendredi 6 décembre sa dernière mise à jour sur la production des grandes cultures canadiennes pour 2019.
Pas de surprise à priori dans ces nouveaux chiffres pour le Québec, avec une nouvelle réduction des récoltes. Pour le maïs, on parle de la plus faible récolte depuis 2014 à seulement 3,37 millions de tonnes. Cette nouvelle estimation apparait cependant incomplète avec plusieurs révisions qui font sourciller.
Par rapport à septembre dernier, les superficies récoltées n’ont été réduites que de près de 20 000 ha. Considérant qu’il reste encore beaucoup de lots de 20 à plus de 50 ha à récolter en ce début du mois de décembre, difficile de dire que ce ne devrait pas être un peu moins de superficies qui seront récoltées en bout de course.
Le rendement a atteint de son côté un nouveau creux inégalé depuis 2014 de 8,88 tonnes/ha. Cette baisse représente une réduction annuelle de seulement 6 % par rapport à l’an dernier, et de 13 % par rapport aux trois années record précédentes.
Au net, la récolte québécoise de maïs 2019 passe donc à un creux de 3,37 millions de tonnes contre 3,62 millions de tonnes l’an dernier. Ce résultat est par contre mieux qu’en 2014 avec seulement 3,15 millions de tonnes. Avec l’automne et la pénible récolte de 2019, mais aussi le poids beaucoup plus léger du maïs récolté, il apparait difficile de croire qu’on puisse vraiment faire mieux qu’en 2014. Parions plutôt que Statistique Canada se garde une réserve, et que la récolte devrait encore être réduite dans l’un de ses prochains rapports.
Pour le soya, les chiffres de Statistique Canada apparaissent plus cohérents, ce qui tient certainement de la récolte qui était déjà pratiquement terminée lorsque les données ont été recueillies.
Par contre, ici aussi, sachant qu’il reste encore du soya dans le champ en ce début décembre, la réduction des superficies récoltées prévues à 365 500 ha apparait un peu faible. Au cours des dernières années, entre les superficies semées et récoltées en soya, il y a un écart moyen qui avoisine 2 000 ha. Cette année, avec encore du soya à récolter, nous serions à 1 200 ha d’écart. Autrement dit, avec une récolte aussi difficile cette année, il y aurait quand même eu plus de superficies récoltées que dans les dernières années…
Du côté du rendement moyen, Statistique Canada estime qu’il a reculé de 3,15 tonnes/ha l’an dernier à 2,86 tonnes/ha cette année. Encore une fois, cette réduction apparait un peu faible sachant qu’en 2014, il n’avait été que de 2,5 tonnes/ha, et que même en 2016, il avait été plus faible à 2,80 tonnes/ha.
Ainsi, si la récolte 2019 affiche un recul notable du niveau record de l’an dernier de 1,16 million de tonnes à un creux en 5 ans de 1,05 million de tonnes, on peut croire que ce résultat devrait être réduit davantage dans un prochain rapport de Statistique Canada.
Pour les marchés, ces nouvelles estimations de Statistique Canada ne mentent cependant pas. Ceci réitère que le marché québécois du maïs sera en déficit important d’ici la récolte 2020, ce qui devrait assurer une fermeté des prix, surtout pour celui du maïs de qualité. Par contre, avec beaucoup de maïs de grade 3 et surtout moins, on doit se méfier à l’effet que cette moindre qualité profitera de prix beaucoup plus intéressants au cours des prochains mois. Pour rejoindre la qualité recherchée par les acheteurs, beaucoup plus d’importations de maïs grade 2 sera nécessaires pour bonifier le maïs de moindre qualité à écouler cette année.
Étant un marché surtout d’exportation, la réduction significative de la récolte québécoise de soya devrait avoir une incidence moins tangible sur les prix des prochains mois. D’ailleurs, contrairement au marché du maïs, les « bases » dans le marché du soya ont été intéressantes, mais certainement moins vigoureuses cet automne. Par contre, l’aspect positif dans le marché du soya québécois jusqu’ici est les prix qui avec la récolte en dent de scie, se sont bien maintenus. Ceci jette des bases intéressantes pour les prix cet hiver, surtout s’il y a un rebond intéressant du marché à Chicago.
Pour vous informer des prix et en savoir plus sur la situation dans les marchés, n’hésitez pas à contacter l’un de nos conseillers en commercialisation du Réseau Agrocentre!