Les triturateurs de soya en Argentine sont en "mode crise" en raison de la faiblesse des stocks de soya au milieu de la pire récolte de soya depuis près d'un quart de siècle et des agriculteurs qui tiennent fermement leurs stocks de soya restants. La combinaison de la sécheresse et de la lenteur des ventes des agriculteurs a poussé l'industrie de la trituration à tourner au ralenti à près de 70 % de sa capacité, ce qui est le plus élevé jamais enregistré en dehors des manifestations ouvrières.

La récolte de soya n'a pas commencé et quand elle le fera, la production totale de soya 2022/23 pourrait être de l'ordre de 27 à 28 millions de tonnes ou moins. En 2021/22, l'Argentine a produit 43,9 millions de tonnes de soya. Tout ce qui pouvait mal tourner a mal tourné en Argentine cette saison de croissance, de la pire sécheresse en 60 ans, à de nombreuses vagues de températures record pour enregistrer des températures basses et même du gel localisé au milieu de l'été.

Les conditions défavorables ont convaincu les agriculteurs de conserver leurs stocks de soya existants et d'être très réticents à vendre leur production prévue pour 2022/23. En février, les agriculteurs ont vendu 622 300 tonnes de soya, soit environ un tiers des 1,7 million de tonnes vendues en février 2022.

Les agriculteurs argentins détiennent encore environ 6 millions de tonnes de soya de 2021/22, ce qui est inférieur à la normale pour cette période de l'année, mais ils ne sont pas pressés de vendre leur soya. Les agriculteurs ont été des vendeurs agressifs au cours de la seconde moitié de 2022 en raison de deux programmes spéciaux de "dollar de soya" offerts par le gouvernement où les agriculteurs ont reçu un taux de change spécial supérieur au taux officiel s'ils vendaient leur soya à l'exportation.

Les agriculteurs devraient également être des vendeurs lents de leur production 2022/23 comme couverture contre l'inflation galopante, qui atteint déjà 100 %. Le grain est leur seul actif durable et ils attendront probablement un autre taux de change spécial ou des prix plus élevés du soya avant d'augmenter leurs ventes.

Le début de l'année est toujours une période lente pour les triturateurs qui, au cours des cinq dernières années, ont fonctionné à 56 % de leur capacité à cette période de l'année. Le responsable de la chambre de transformation des oléagineux et des grains de la CIARA a indiqué que le secteur ferait tout son possible pour maintenir les installations en activité en important jusqu'à 8 millions de tonnes de soya du Brésil et du Paraguay.

Alors que le manque de soya disponible est le problème immédiat pour les triturateurs, la main-d'œuvre non réservée pourrait être l'autre "élément à laisser tomber" pour l'industrie.

Les contrats de travail en Argentine ne durent généralement qu'un an. Lorsque ces contrats de travail expireront au cours des prochains mois, les syndicats exigeront d'énormes augmentations de salaire juste pour suivre l'inflation. Les triturateurs seront confrontés à d'énormes demandes salariales en même temps qu'ils auront une capacité inactive record.