Bonjour,

On regarde le prix du porc et on s’endort. Les variations durant la journée peuvent être assez aléatoires et volatiles, mais au final, les contrats à terme d’été par exemple n’ont presque pas bougé depuis 1 semaine; 1 cent ou 1,5 cents / livre de variation, c’est peu. La beauté, c’est que les prix se maintiennent près des sommets. Le problème, c’est que les prix se maintiennent près des sommets! Il faut des pauses dans les marchés boursiers. Ici, c’est qu’après la montée des prix récente (de 96 cents à 103), il faut que cette hausse soit justifiée ou justifiable par des nouvelles, des rumeurs, des données. Et le contraire est vrai pour justifier une baisse des prix. Par contre, la gravité a aussi un effet à la Bourse. Il est toujours plus facile de faire diminuer les prix. C’est ainsi. Il faut nourrir la bête (pour faire grimper), mais on n’a pas le même effort à fournir pour faire baisser les prix. Il y a un mouvement naturel dans ce sens.

Contrat de Lean Hog de juillet 2024 (en cents / livres)

Les analystes demeurent tous convaincus que les prix d’été pourront atteindre de nouveaux sommets. Certains questionnent les données du USDA relativement à l’augmentation de la production prévue en 2024. Dans son dernier rapport (vendredi 8 mars), le USDA prévoit que la production porcine aux États-Unis devrait augmenter de 2.2% (augmentation de 30 millions de livres dans le rapport de vendredi versus la rapport de février). Pour l’instant, la production américaine est à la hausse de 0.8%. Et dire, qu’on continue d’abattre plus de truie que durant la même période en 2023!

Par conséquent, il faudrait que les abattages augmentent et rapidement. Si jamais ces abattages devaient augmenter, cela voudrait dire des contrats à terme sont trop chers et pourraient ainsi chuter. Par contre, les contrats à terme semblent défier le USDA et ses perspectives de hausse de production. Dans mon Extra-viande de vendredi dernier, je disais que les contrats à terme 2024 étaient déjà en hausse par rapport à l’expiration des mêmes mois en 2023 de presque 18% sur avril / mai et juin. Mais le USDA prévoit tout de même une augmentation de 0.5% de la production porcine au 2ieme trimestre versus 2023. Si on résume, on a plus de porcs (+0.5% - c’est pas beaucoup), mais le marché propose un prix de 18% plus élevé versus 2023. Pour les mois de juillet et aout (et septembre), on parle d’une augmentation de 4% de la production porcine (plus de porcs) et des prix similaires à l’an dernier (sur les contrats à terme). Nous aurions donc PLUS de porcs et des prix égaux versus 2023? Encore une fois, le marché tient tête au USDA. 

Cette semaine encore, le USDA a révisé les données d’abattages mardi (diminution de 7000 porcs) . La semaine dernière, l’organisme a fait la même manœuvre (-20 000 porcs!). Il semble que certains abattoirs aient des problèmes mécaniques à recevoir et/ou à abattre les porcs. Normalement, nous aurions dû voir un rattrapage dans les données d’abattages du samedi, mais non! Les abattages du samedi demeurent étonnement stables. Avons-nous finalement MOINS de porcs que prévu? Le poids des porc abattus pourrait nous donner une meilleure réponse sur le sujet dans 1 semaine ou deux. Si vraiment il y a des porcs en attente, nous le verrons dans ces données.

C’est peut-être la raison du pourquoi de la stagnation des prix en Bourse ces temps-ci. Le marché veut en avoir le cœur net. Plus ou  moins de porcs? Et c’est pourquoi, je me montre prudent sur le hedging. Nous en avons un peu par l’utilisation des options. Ainsi, on profite de la hausse tout étant protégé contre une baisse du prix.

Dans l’actualité porcine, on parle de maladie qui peut faire le saut dans notre géographie, dans notre cour. Le centre d’information sur la santé porcine (SHIC) est États-Unis est maintenant aux aguets concernant le virus encéphalite japonais qui s’étend en Australie. Ce virus affecte surtout les maternités (truies) avec toutes sortes de conséquences mortelles pour les fœtus. De plus, L’Albanie vient de déclarer avoir trouvé des sangliers avec la maladie de la fièvre porcine africaine sur son territoire. Et on pense, que d’autres pays de la région seront touchés prochainement. On ne sort jamais des mesures de biosécurité!

Et la Chine à travers tout ca qui affirme ne pas avoir de problèmes, mais qui soudainement approuve plein de pays ou d’entreprises à pouvoir vendre des viandes sur son territoire. Les autorités chinoises viennent d’autoriser 38 nouveaux abattoirs brésiliens à envoyer des viandes (surtout du bœuf) sur son territoire. Les gestes commerciaux sont toujours plus forts que la parole. Ils ont fait la même chose en approuvant plusieurs abattoirs de porc russes en 2024. La Chine sera-t-elle agressive en importation durant la 2ieme moitié de l’année? Beaucoup pensent que oui. Déjà que les exportations américaines sont excellentes en 2024, peut-on imaginer une augmentation plus grande en 2ieme moitié de 2024? En janvier, les exportations américaines étaient en hausse de 6% versus 2023 (le USDA prétend que la hausse sera de 3.84% pour toute l’année 2024).

Un dernier mot, les États-Unis sont revenus en force avec l’adoption du fameux V-COOL qui entrera en vigueur le 1 janvier 2026. Les détaillants américains seront forcés de souligner l’origine du produit sur les emballages. On y lira ‘’Produit des États-Unis’’ et les produits d’origine canadienne seront identifiés comme étant canadiens. Les américains veulent-ils diminuer nos échanges économiques? Veulent-ils bloquer les importations canadiennes dans le porc? A un moment, où la diminution de production se fait ressortir des 2 côtés de la frontière? Cette mesure sert-elle de mesure de relance de la production en 2025 sur leur territoire?

Et un autre dernier mot, Tyson va fermer une usine d’abattage en Iowa et malheureusement licencier 1200 travailleurs. L’usine traitait 8000 porcs par  jour.

FREDERIC HAMEL, CFA

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