Bonjour, 

Je voulais vous souhaiter à toutes et tous une excellente année 2024! Encore une fois, j’espère que la bonne santé, pour vous et vos proches, sera au cœur de votre vie et de vos familles pour l’année qui vient (et pour toutes les autres à venir évidemment). Rien n’est plus précieux que cela! Et je vous souhaite tout ce qui gravite autour de la santé : bonheurs, grands et petits, réussites dans vos entreprises respectives. De la paix aussi; paix de l’esprit en premier lieu et paix dans vos foyers, dans vos communautés. 

Je vous amène complètement ailleurs pour cette première chronique de 2024. On va parler de porcs, mais dans un angle géopolitique qui me fascine depuis quelques temps déjà : le lent déclin démographique amorcé de la Chine.

Volume de viande de porc importé par la Chine (en tonnes métriques)

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que pour la premières depuis plusieurs dizaines d’années, la population du pays a baissé en 2022 et le phénomène n’ira qu’en s’accélérant au cours des prochaines années (pour plusieurs raisons; natalité, environnement, économie, problèmes de santé publique).

Population chinoise selon les projections des Nations-Unies (en nombre de personnes)

Au tournant du Nouvel An cette année, les censeurs chinois ont effacé toute trace d’une publication provenant du Mother and Infant Daily qui faisait état d’une baisse la natalité en Chine. L’article annonçait que 7,88  millions de bébés avaient vu le jour en 2023, ce qui représentait une baisse de 1,68 millions de bébés par rapport à 2022. On notait, le décès de 11 millions de personnes en 2023 et donc la population chinoise aurait diminué de 3,12 millions de personnes. A notre échelle, c’est beaucoup, pour eux c’est peu. Mais c’est une tendance lourde qui se dégage de cette perspective. Moins de gens tout simplement.

Le Président chinois a fait une intervention cette semaine pour marquer le Nouvel An de notre calendrier grégorien (leur Nouvel an sera célébré le 10 février) en indiquant son souhait de revoir les femmes faire davantage de bébés (comme si cela se faisait tout seul! – j’ai toujours pensé que cela se faisait à deux!) (Et c’est sans compter que la Chine est un des rares pays au monde avec un ‘’déficit de femmes’’ – il y a 105 hommes pour 100 femmes!- L’Inde est un autre pays avec plus d’hommes que de femmes…) Mais il semble que le processus de dénatalité soit irréversible. Toutes les grandes nations industrialisées et même celles qui suivent  de pas-très-loin ont vu leur taux de natalité diminuer avec les années.

La Chine possède un taux très faible concernant l’indice de fécondité  se classant au 226 rang sur 236 pays! Pour renouveler une population, le taux doit se situer au-dessus de 2.10 enfant. Et que dire de la pyramide des âges qui annoncent une problématique que nous vivrons aussi en Amérique du Nord (nombre record de personnes âgées).

L’espoir de la Chine, sachant son déclin démographique, se situe dans l’expansion de son territoire, de son influence géopolitique, militaire et économique. En 2023 et les années qui suivront, ce n’est plus l’influence de sa masse de travailleurs nombreux et bon marché que viendra sa croissance, mais par ses tentacules sur les trois pôles cités précédemment que le pays devra briller. C’est pourquoi, la Chine a multiplié les annonces d’ententes économiques multilatérales avec des voisins parfois peu recommandables (la Russie par exemple). La Chine est devenu un incontournable dans l’économie africaine (pays qui connaitront la plus grande croissance démographique et économique dans les prochaines années) possédant mines, coopératives agricoles, etc (+ 250 milliards de dollar d’échange économique, 10 000 entreprises chinoises sur le continent, 65 accords culturels, 61 instituts Confucius pour l’enseignement du mandarin et la culture chinoise, et la première base militaire hors de Chine établie à Djibouti). 

Il ne reste que le militaire qui est difficile à mettre en place rapidement. On le sait, la guerre en Ukraine et le conflit au Moyen-Orient sont des zones dans lesquelles la Chine regarde avec un intérêt soutenu. Elle examine ses options, elle est patiente et réagit sur comment se comporte alliés et forces en place. La Chine convoite Taiwan pour plusieurs raisons stratégiques importantes. Évidemment, le fait que Taïwan est la plaque tournante de la production de semi-conducteurs dans le monde est L’ENJEUX majeur! Les semi-conducteurs sont LA ressource la plus stratégique pour les années qui viennent (c’est avec ca qu’on alimente l’intelligence artificielle – nouvelle révolution industrielle selon moi…) Imaginez un seul instant, ne plus avoir de semi-conducteur, le monde technologique s’arrête littéralement! (regardez seulement les livraisons d’automobiles pendant la pandémie et encore aujourd’hui…. Ça arrive au compte-goutte en raison du manque de semi-conducteurs pour les ordinateurs).

Et prenez un instant pour regarder la barrière militaire qui empêche la Chine de naviguer dans les eaux du Pacifique comme elle le voudrait tant. La clé de voûte pour la Chine dans ses ambitions demeure l’annexion de Taiwan, parce que oui se serait une annexion d’un pays souverain. La conquête de ce territoire ouvre le passage vers le Pacifique et pourrait interrompre des routes maritimes entre le Japon, les États-Unis et déstabiliser l’influence américaine sur une grande partie de l’Asie. 

Un long article pour dire que le prix du porc est encore dicté par les influences du marché  américain, mais l’absence d’acheteurs chinois dans le paysage américain peut être aussi catastrophique pour l’avenir de la production à grande échelle en Amérique du Nord. Cela n’arrivera pas en 2024, ni en 2025, mais par contre, les décisions d’investissement qui se prennent souvent avec une perspective de 15, 20 ou 30 ans peuvent être influencées par ces influences politiques importantes sur l’échiquier mondial. Et c’est la même chose pour les décisions des exportateurs québécois et canadiens. C’est peut-être aussi ce qui influence la décision de WH Group (Chine) de liquider ses parts dans Smithfield aujourd’hui…. La réduction de la production à des fins d’exportation est inévitable même s’il existera toujours des opportunités c’est clair (maladies, etc).

FREDERIC HAMEL, CFA