Bonjour, 

Après des congés (2 semaines) pas reposants, mais vivifiants, voici un extra viande qui pourrait être aussi une fricassée de nouvelles pertinentes pour la prise de décision pour la mise en marché. Il est toujours intéressant de lire ca et là des nouvelles sans apparences de liens communs, mais lorsque que celles-ci sont mises bout à bout, elles peuvent constituer une trame pertinente pour la direction des prix ou au moins justifier certaines actions du marché récemment et proposer une piste pour le futur. 

Avant mon départ, le prix du bœuf avait commencé à dégringoler, et ce, rapidement. Les causes probables : 1) les prix élevés qui ont justifié l’accélération de la production (rapport Cattle on Fed du mois dernier) et 2) les conditions économiques qui se détériorent.  Un nouveau rapport Cattle on Feed sera publié aujourd’hui à 15 :00 et il sera très pertinent de voir si la tendance amorcée le mois dernier se confirme. Mon humble avis, il est bien possible que le mois dernier soit une petite anomalie statistique / ou un sursaut de quelques producteurs pour voir si le vent tourne (ou a tourné). Déjà les marges bénéficiaires se sont dangereusement resserrées pour les producteurs. Par contre, le prix des grains est encore en baisse et ceci pourrait aider les producteurs à court terme. Les conditions économiques font en sorte que les consommateurs se sentent un peu pris dans l’étau. On ne ressent pas tout à fait les effets, mais malgré la lente diminution de l’inflation et l’augmentation des taux d’intérêt, le ralentissement se pointe furtivement le bout du nez. Les dépenses discrétionnaires seront à la traine (voyages, certains objets de luxe abordables, etc). Et la restauration sera aussi sera touché par les dépenses qui devraient être moindres. Un peu plus difficile financièrement d’amener sa famille manger des Surf & Turf ou du Chateaubriand quand nos paiements augmentent de 10, 15 ou 20% sur nos dettes hypothécaires ou personnelles. 

Indice de confiance des restaurateurs

La Chine continue de jongler avec 2 problèmes : 1) réduire de façon intelligente la production de porcs sur son territoire. C’est plus long que les autorités le pensaient. D’après les deniers rapports, le chemin sera long et les prix devraient demeurer bas encore longtemps et ainsi entraver les objectifs de rentabilité pour les producteurs locaux. Des pertes sont encore à l’horizon pour les producteurs chinois. La demande pour le porc sur le territoire n’a jamais retrouvé la hauteur d’avant la pandémie. D’après le denier recensement, le nombre de truies se situent encore autour de 42.4 millions en baisse de 1.3% par rapport à aout. L’objectif demeure de se rendre à 41 millions de truies. Le ministère de l’agriculture juge que c’est le point d’équilibre. L’analyste de Rabobank, Pan Chanjun, déclarait que la baisse de production s’accélère récemment, mais l’écoulement des stocks pourraient prendre des mois encore. L’autre problème auquel demeure confronté est la présence du virus de la peste porcine africaine sur son territoire. Cette semaine, les autorités ont déclaré avoir tué 5600 cochons d’une ferme d’élevage près de Hong Kong. Depuis le 1^er novembre, les prix du porc augmentent un peu; hausse de 3.6%. C’est un début. On entend des rumeurs sur le fait que la Chine connait un regain de maladies dans le nord du pays.

La Chine est présente dans les données d’exportations américaines. D’accord, pas cette semaine, mais la semaine dernière, le pays a quand même acheté plus de 8000 tonnes métriques. En deux semaines, les exportateurs américains ont vendu plus de 64 000 tonnes métriques de viande de porc. C’est excellent! Depuis le 1^er janvier, les exportations sont 10,4 % au-dessus de 2022. C’est notable puisque ce n’était pas la direction dans laquelle nous devions aller. 

Aujourd’hui, il était intéressant de lire comment les détaillants américains profitent du temps des Fêtes (Thanksgiving US et Noel à venir) pour augmenter de façon importante le nombre de spéciaux offerts aux clients sur les viandes et coupes de porc. C’est normal à ce temps-ci de l’année diriez-vous, mais la hausse est assez importante pour être significative. Un organisme américain s’est amusé à calculer le cout d’un souper pour une famille de 10 personnes pour la Thanksgiving cette année et on note que le cout de recevoir a baissé cette année versus 2022. On parle d’une baisse de 4.5%!

On doit dire merci au sacrifice des dindes qui ont vu leur prix diminuer de façon importante en 2023. Rappelez-vous en 2022, c’était la grippe aviaire qui avait dévasté les cheptels américains. Le prix du jambon (-20% par rapport à 2022) n’est pas en reste puisque celui-ci est à la baisse par rapport à 2022. Et que dire, de la crème fouettée qui voit son prix diminuer de 23%! N’abusez pas, chers voisins américains, je ne crois pas que vous couts médicaux sont en baisse! (+5.6% sur les différents plans d’assurance en 2023).

La seule ombre au tableau dans toute cette demande pour le porc…. C’est l’offre de porc qui ne diminue pas et qui frise avec des sommets de production pour l’année en cours. De plus, quand on regarde la saisonnalité du porc, on note qu’il faudrait vendre le contrat de février à partir du 21 novembre prochain et conserver cette position vendeur jusqu’au 26 janvier. La saisonnalité est forte et cette idée a fonctionné 13 années sur 15. Peut-on agir contre cette saisonnalité? Nous verrons. (Je fais mon effort, j’ai mis des morceaux de jambon dans mon paté chinois – c’est bon!)

Bref, une chronique un peu pêlemêle en ce vendredi gris de novembre. Un article plein de bonhommie cependant comme Karl Tremblay, notre regretté chanteur des Cowboys Fringants qui me laisse, comme tout le Québec d’ailleurs, dans un deuil immense. Au revoir Karl !(fais pas de conneries, j’t’aimais bien la face, pis tu me dois encore 50 piastres!)

FREDERIC HAMEL, CFA