Il parait qu’un malheur n’arrive jamais seul. Avec un prix de porc dérisoirement bas, des prix de moulées encore élevés, voilà que la Banque du Canada vient mettre son grain de sel dans nos finances en haussant de 25 point de base son taux directeur. C’était à prévoir, mais le mal est fait. Notre seule consolation c’est que, dans le même souffle, elle annonce officiellement faire un pause. Et voir, ou plutôt, constater les dommages et les bienfaits que toutes les hausses de taux successives feront à notre économie. Si le temps peut arranger les choses, il peut aussi enrayer la machine de notre économie…

On aurait pu croire que cette pause sur les taux d’intérêt aurait eu un effet baissier sur notre dollar canadien (en raison des écarts de taux avec les taux américains), mais notre huard semble supporter la pression aujourd’hui en baissant de ¼% Or on sait qu’en tant que producteur de porc, on veut que la devise canadienne soit plus faible afin d’obtenir un prix de porc en dollar canadien du 100 kg le plus élevé possible. Par conséquent, la non-réaction du dollar canadien est décevante.

Quelles calamités peuvent encore s’abattre sur les producteurs de porcs présentement? La rumeur court depuis quelques jours que le USDA aurait sous-estimé la quantité de porcs qui serait mis en marché dans les prochaines semaines. Dans le rapport Hog & Pig de décembre, l’organisme sous-entendait que le nombre de porcs qui serait abattu en janvier, février et mars serait de 1.9% à 2.0% inférieur à 2022. Mais présentement, on note que le rythme d’abattages est de 2% SUPÉRIEUR à 2022!

Rapport Hog & Pig de décembre 2022

Rapport hebdomadaire USDA – (production / abattages et poids)

Avant d’imaginer que nos amis Extra-terrestres viennent nous livrer des porcs à travers des vaisseaux spatiaux, il faut comparer le début d’année 2022 avec les journées d’abattages de 2023. Il est toujours difficile de comparer les débuts d’année, puisque le Nouvel An tombait un samedi en 2022 alors que cette année il tombait un dimanche. Or, on sait que les abattages du samedi font une différence dans le calcul total des abattages totaux (souvent 250 000 porcs +). Jour pour jour, on peut noter 1 ou peut-être une demi-journée d’abattage de moins en 2023. Avec les retards d’abattages en raison des tempêtes chez nos voisins du Sud durant le temps des Fêtes, il est possible que nous ayons à faire du rattrapage dans les porcs en attente. Les données d’abattages s’éclaireront avec le temps. Mais pour les 3 premiers jours de la semaine, le nombre de porcs est 64 000 plus élevés ou 4.57% de plus!

Tout ca, à un moment, où les pays européenens pansent leurs plaies au niveau de leur propre production porcine. On prévoit une nouvelle diminution de la production en 2023 dans la plupart des pays. Mais les prix des cochons sont à l’avenant; c’est-à-dire que l’on prétend que les prix devraient demeurer très élevés.

Prix du porc en Espagne

Prix du porc en Allemagne

Quand on compare avec le prix nord-américain, on note bien qu’il y a quelque chose qui cloche dans notre marché continental.

Prix au comptant USA (cent / livre)

FREDERIC HAMEL, CFA