Bonjour,
A défaut de pouvoir interpréter un tirage d’un tarot de Marseille, lire dans les boules de crystal, toucher des quipus incas, consulter le fond d’une tasse de thé, nous allons devoir nous pencher sur données macros afin d’évaluer les prix du porc pour les prochains mois. Cela reste toujours un exercice périlleux puisqu’il y a tellement de choses qui peuvent changer.
Je viens de terminer un petit article écrit par M. Joseph Kearns (https://www.nationalhogfarmer.com/news/peeking-around-corner) Ce qu’il suggère essentiellement est de commencer à hedger des prix pour 2023 sous-entendant que la courbe des prix offerts (mois d’été 2023 par exemple) suggère une profitabilité pour les producteurs. Il note la hausse de production prévue en 2023 dans le porc et le poulet pourrait suggérer des baisses de prix. Il applique son raisonnement de hedging sur l’ensemble de l’activité économique qui se détériore rapidement aux Etats-Unis. Les hausses des taux d’intérêt et le spectre de l’inflation générale viennent grandement affecter le portefeuille de la famille américaine moyenne. Les problèmes en Europe devraient aussi plonger ces pays en récession et la région pourrait devoir faire face à des grands sacrifices au niveau énergétique cet hiver.
On peut contester le raisonnement de M. Kearns et cela fait partie d’un marché sain. On pourrait opposer le fait que la production en Europe est revue en baisse mois après mois. Pour les premiers 6 mois de 2022, la production était en baisse de 4% par rapport à 2021. Pour l’année 2022, on prévoit une baisse totale de 5% donc les choses n’iront pas en s’améliorant dans les derniers mois de l’année. Les diminution de production seront les plus sévères en Allemagne et Pologne avec des baisse de 14%, l’Italie prévoit une baisse de 7.5%. Seul l’Espagne anticipe une hausse de 3%. Mais ce chiffre n’est pas certain puisque les conditions météorologiques de l’été pourraient avoir altéré les objectifs des producteurs. En Grande-Bretagne, la situation n’est pas plus rose avec une baisse du cheptel reproducteur de 20%.
Mais, il faut se poser la question, est-ce que ces données factuelles sont déjà incorporées dans les prix des contrats à terme? Si on croit aux règles du marché qui dictent que toutes les anticipations sont connues, les prix devraient donc refléter toutes les possibilités… Et donc, on en revient à Kearns qui propose de faire de la contrepartie sur les mois de 2023…
Pourtant, il n’est pas certain que les producteurs en Amérique du nord puissent augmenter leur production en 2023. Nous aurons une meilleure idée lors de la publication du rapport Hog & Pig le 30 septembre prochain (10 dodos!). Tout comme le fait que les producteurs européens pourraient subir les contrecoups de la crise énergétique qui se déroule sur leur continent. Un hiver froid, des coupures de courant et la production de viande pourrait être perturbée. Les normes environnementales plus sévères pourraient être votées afin de diminuer les gaz à effet de serre (GES), etc. Tout cela pourrait très bien affecter la production négativement ce qui rendrait la proposition en viande offertes aux consommateurs encore plus rare.
A l’opposé, cette offre plus basse en viande (et donc des prix plus élevés), un budget de plus en plus limité des consommateurs, mais aussi le retour en force des lobbys végétariens de plus en plus puissants pourraient finalement tester l’élasticité de la demande pour les viandes à court terme.
Bref, si on retourne sur les sommets des prix enregistrés sur les contrats à terme des derniers mois, il serait prudent de commencer à considérer la contrepartie. (tout en considérant les prix des grains).
Un dernier mot sur l’inflation qui continue d’avoir le dos large…. On a longtemps blâmé la chaine logistique d’avoir été malmenée pendant la pandémie et que cela avait causé des hausses de prix sur les conteneurs et qui avaient augmenté l’inflation sur les biens achetés…. Et bien le prix de ces conteneurs ont subi une forte correction depuis 9 mois. Le retard dans les ports nord-américains est presque nul (pas de bateau en attente). Par conséquent, soit les choses se rétablissent tranquillement (au niveau logistique) ou la récession commence à gagner les acheteurs…. Pourtant, je suis certain que l’inflation continuera longtemps de vous toucher malgré la baisse des prix de gros…. Imaginer un seul instant les marges des détaillants dans les prochaines mois…. Spectaculaires… je suis persuadé…. Imaginez un seul instant dans le porc, juste à voir le graphique de l’écart du prix du porc au détail versus le prix au comptant offert aux producteurs….
FREDERIC HAMEL, CFA
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