Bonjour,

Le rapport du USDA publié la semaine dernière a encore provoqué des vagues dans les grains. La guerre en Ukraine semble s’éterniser, les conditions climatiques nord-Américaines dans le blé ne sont pas optimales et il y a des retards dans les semis américains pour le mais et le soya. Bref, ce n’est pas des moments idéals pour être un consommateur de grains. Au même moment, le prix des viandes connait des ratés, et ce, autant dans le bœuf que dans le porc. Les marges bénéficiaires pour les producteurs de viande sont nulles au mieux ou fortement négatives depuis plus de 2 semaines maintenant. (voir marges calculées par Réjean Leblanc)

Calculs des marges théoriques Naisseurs-Finisseurs

Au risque de me répéter, il est excessivement difficile voire impossible de vouloir hedger le prix du porc dans ce contexte. Surtout si le producteur n’a pas fermé ses prix de grains ou des moulées. Il faut obligatoirement travailler avec le concept de marge ces temps-ci sinon on risque de rejouer dans le même film qu’en 2020 / 2021 alors que les prix  de porc étaient bons et même excellents, mais le prix des grains a tout simplement explosé réduisant les marges comme peau de chagrin! Prudence pour tous si vous décidez d’aller de l’avant. 

Prix du bœuf (en cents / livres)

Comme le rappelait le USDA, nous n’avons aucune marge de manœuvre cette année pour manquer la récolte de maïs et de soya. Et même si nous avons une bonne ou même une excellente récolte, il sera difficile pour le prix des grains de baisser considérablement. Les acheteurs mondiaux seront à l’affût de la moindre aubaine dans le marché et voudront constituer des réserves puisque l’incertitude sera encore présente pour les semis et les récoltes de 2023…. Oui oui on pense aussi loin dans ce marché présentement. (Pensez un seul instant aux possibilités de ne pas avoir d’engrais pour 2023!)

Le porc et le bœuf devraient normalement être en hausse afin de suivre l’évolution des couts de production. J’utilise le mot ‘’devraient’’ puisque la réalité est différente de la théorie ces temps-ci. Le problème demeure les consommateurs et leur portefeuille. Je l’ai écrit souvent depuis 2 mois (la hausse des couts pour une famille!), mais cela vient impacter la demande pour la viande et influence ce que le consommateur est prêt à payer pour celle-ci. L’argent est moins disponible pour les produits de luxe. Et la viande est un produit de luxe pour maintenant plusieurs personnes.

A contrario, je lisais une petite analyse ce matin et on sent que le marché a une courte vue sur les prix. Si on se fie au dernier rapport Hog & Pig de mars 2022, la catégorie de poids 50 -119 livres devait être inférieure de 2% par rapport à l’an dernier (en terme de nombre de porcs produits). Or présentement le rythme d’abattage depuis 2 semaines est que nous abattons à peine 0.5% de moins que l’an dernier. Avons-nous soudainement plus de porcs que prévu? Peut-être…. Avons-nous devancé certaines mise en marché? Peut-être aussi. Pourtant le poids de porcs est anormalement élevé par rapport à la moyenne. L’analyse notait que les température froides du printemps ont influencé beaucoup le gain de poids des porcs. Par contre cette tendance pourrait s’inverser rapidement dans les prochaines semaines. L’analyste mentionne que nous pourrions connaitre une baisse de la production cet été avec les maladies qui persistent aux Etats-Unis. 

Rapport du mois de mars 2022

Il est intéressant de noter que les exportations canadiennes de porcelets pour le premier trimestre de 2022 (janvier / février et mars 2022) étaient en forte hausse par rapport aux dernières années. Les Américains sont venus magasiner au Canada pour ces porcelets. Plusieurs d’entre vous m’avez confirmé des ventes de porcelets en février et mars cette année. L’augmentation des exportations de porcelets n’est pas anodin et apporte un éclairage particulier sur une situation ponctuelle.

Un dernier point, le USDA dans son rapport Supply & Demand (grains) de la semaine dernière mentionnait avoir réduit la production de viande de porc pour 2022 la faisant passer de 27,075 milliards de livres à 27,039 milliards de livres.

FREDERIC HAMEL, CFA