Bonjour,

Un petit extra-viande ce matin pour publier les données du USDA des exportations américaines de viandes de porc.

Le USDA, dans son rapport hebdomadaire a rapporté que les exportateurs américains avaient vendu un total de 50 600 tonnes métriques de viande de porc.

Les détails sont les suivants : 

• 35 900 tonnes métriques pour la Chine
• 5900 tonnes métriques pour le Mexique
• 3200 tonnes pour le Japon

Ce sont des données fort intéressantes encore une fois pour les producteurs nord-américains. La Chine a accéléré les achats depuis quelques semaines. La question qui demeure est celle-ci : le pays va-t-il continuer en raison de la fermeture de la frontière germano-chinoise? 

L’Allemagne a vendu pour 867 millions de dollar US de viande de porc à la Chine en 2019. Au total, les exportations totalisent 5.9 milliards de dollars US.

Tous les yeux se tournent vers les Etats-Unis, le Brésil, le Danemark et les Pays-Bas pour remplir le vide. Tous ces pays ont la capacité de remplir les demandes de la Chine. Par contre, tous les pays du sud-est asiatique ont fermé leurs frontières au même moment. Et tous en auront besoin au même moment, en l’occurrence, la Fête du Nouvel an chinois en février 2021.

Le scénario qui peut être envisagé présentement serait une baisse des exportations entre aujourd’hui et la fin octobre. Et une reprise agressive des exportations en novembre et décembre pour des livraison en janvier en sol chinois. Étrangement ce scénario correspond aussi avec le résultat des élections américaines qui peut venir brouiller les cartes des marchés financiers.

Un autre phénomène qu’il faut absolument regarder c’est l’effet de la diminution du cheptel reproducteur aux Etats-Unis cette année (12% moins de truies) sur le profil des mise-bas et aussi les supposés avortements de truies en avril et mai dernier. Ceci pourrait avoir un effet sensible sur le prix au comptant payé par les abattoirs en novembre et en décembre prochain et peut-être même sur le premier trimestre de 2021. On attend avec impatience le rapport du Hog & Pig du jeudi 24 septembre prochain et aussi les données d’abatages hebdomadaires des prochaines semaines.

Plusieurs analystes prétendaient que nous allions vivre une catastrophe au niveau des abattages cet automne avec l’arrivée de milliers de porcs en trop dans le pipeline, mais pourtant l’industrie semble bien à l’aise de tout absorber. Si le poids moyen des porcs abattus ne remontent pas progressivement dans les prochaines semaines, il faudra se poser la question si les abattoirs n’accélèrent pas volontairement les mises en marché à court terme sachant ce qui leur pend au bout du nez au cours des prochains mois (i.e. moins de porcs et hausse du prix au comptant à payer). Comme mentionné, c’est un scénario qui possible.

L’autre chose à se remémorer c’est le fait que la peste porcine africaine se rapproche de l’ouest et pourrait éventuellement toucher les continents nord et sud américains. Certes, l’océan devrait protéger notre territoire naturellement, mais plusieurs spécialistes croient la maladie sera retrouvée dans un animal sauvage éventuellement. Aux Etats-Unis, on dénombrait plus de 6 millions de sangliers sauvages. La population étant concentré surtout au Texas (3 millions). Le problème, c’est que la population de sangliers se déplace depuis quelques années vers le nord et les Prairies canadiennes sont une destination de choix pour ces bêtes qui semblent appréciés les conditions rustiques canadiennes. Par conséquent, la multiplication des porcs sauvages est une menace à court et long terme pour les producteurs nord-américains, mais aussi pour l’ensemble des producteurs agricoles pare que la présence de ces animaux signifie souvent une perte de biodiversité locale, présence de maladies (E-coli par exemple) et dommages aux champs. 

Comme quoi, profitez du problème d’autrui n’est pas une solution viable pour toute l’industrie porcine mondiale…. Tôt ou tard, nous pourrons être frappés par la même chose et les importateurs pourraient claquer la porte. Surtout que si ce problème arrive en 2021, la Chine pourra à tout moment profiter de cette situation pour fermer sa frontière rapidement alors qu’elle aura rebâti son cheptel de production à un niveau acceptable….

FREDERIC HAMEL, CFA