Nouvelles Philip Shaw

Le chaos américain engendre un Accord de Partenariat Trans pacifique global et progressiste (CPTPP), qui permet à l'agriculture canadienne de gagner gros.

14 mars 2018, Philip Shaw

Nous avons appris dernièrement que nos amis américains voulait imposé des droits de douane de 25 % sur tous les produits sidérurgiques et de 10 % sur tous les produits d'aluminium importés aux États-Unis.*  Par chance, et en raison de ses répercussions sur la sécurité nationale, le Canada a été exempté de ces droits de douane.  La ministre canadienne du Commerce, Chrystia Freeland, a qualifié cette mesure de positive.  Il va sans dire que cela a été un grand soulagement du côté d'Ottawa et de bien d'autres régions de notre continent nord-américain.

Évidemment, certains appellent ça le chaos.  On dit que le président Trump aime bien créer le chaos pour imposer certaines initiatives politiques.  Tout le monde est au pris dépourvu.  Ce qui inclut tous les acteurs des négociations commerciales, les alliés, etc. ou c'est peut-être l'impression que cela donne.

Lundi soir dernier, votre fidèle rédacteur s'est arrêté à Toronto en se rendant à Trenton, où je faisais une présentation sur les marchés céréaliers à l'occasion de la journée des clients de TCO Agromart au Royal Canadian Air Force Airpark.  Je m'étais organisé plus tôt pour m'arrêter à Toronto et rencontrer un des premiers followers brésiliens que j'avais sur Twitter, Rodrigo Zobaran.  Rodrigo et moi ça remonte à loin.  Un jour j'ai fait une interview Skype avec lui et sa société à Sao Paulo.  À une certaine époque, il gérait des milliers d'acres de soja brésilien.  Il est maintenant vice-président d'une société céréalière aux États-Unis.

Notre rencontre a été fantastique. Bref, nous avons tout un passé ensemble, même si c'était sur Twitter.  La rencontre en vrai nous a donné l'occasion de remplir les blancs.  Bien sûr, Rodrigo m’a beaucoup parlé de l'agriculture brésilienne et j'avais beaucoup de questions.  Toutefois, c'est une chose qu'il m' a dite au sujet de la politique commerciale américaine qui m'a vraiment frappé , surtout avec les événements qui ont eu lieu à Washington la semaine dernière.  Il m’a simplement dit qu'il se souvient d'une époque où le Brésil n'était pas une puissance agricole.  Cependant, il a évoqué un embargo commercial décrété par les Américains il y a de nombreuses années, qui a contribué à relancer la révolution de la production agricole au Brésil.  A partir de ce moment, le Brésil a commencé à développer la production agricole et, bien sûr, comme nous le savons tous, il est aujourd'hui un acteur majeur sur la scène mondiale en termes de production et de commerce agricoles.  Il va probablement continuer à se développer.

Cela m’a beaucoup intéressé parce que le Brésil est un concurrent majeur des États-Unis en matière d'agriculture.  Nous avons donc discuté du PPT, de l'ALENA et d'autres accords commerciaux et de la façon dont tout cela pourrait être affecté par la réticence des Américains à s'engager dans ces accords.  Étant donné que les Américains quittent le PPT et rouvrent l'ALENA, je me demandais s'ils n'étaient pas en train de créer leur propre concurrence pour les produits agricoles dans les années à venir.

Le Partenariat Trans pacifique global et progressiste (CPTPP), (TPP-11 ou successeur du TPP-11), que le Canada a signé aujourd'hui à Santiago du Chili, en est un bon exemple.  Maintenant que les Américains se sont retirés de l'accord, il s'agit d'un accord avec l'Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.  Les Américains étant sortis de l'accord, le Canada en profitera grandement parce que nous avons déjà conclu un accord de libre-échange avec les États-Unis et que, dans le cadre de ce nouvel accord, nous ne sommes pas obligés de leur faire concurrence.  L'avantage économique pour nous est estimé à 3,4 milliards de dollars par année.

Dans cet accord, le Japon représentera sans aucun doute la plus grande victoire pour l'agriculture canadienne, mais la Malaisie et le Vietnam font également partie des pays qui ont tous des barrières douanières importantes.  La mise en œuvre progressive prendra plus de 20 ans après la ratification de l'accord par tous les pays.  Le porc, le bœuf et le canola canadiens devraient en profiter considérablement.  Nous avons abandonné environ 3 % du secteur assujetti à la gestion de l'offre pour en arriver là. Nos amis américains sont sur la touche et le regrettent.  

Les négociations de l'ALENA se poursuivent dans ce contexte.  Ces négociations ont été difficiles, mais il ne faut pas oublier que même avec les premiers accords de libre-échange canado-américains conclus entre Brian Mulroney et Ronald Reagan, les négociations ont été difficiles.  Bien sûr, au sommet du gouvernement américain, cela semble si chaotique, ou un chaos créatif, qui sait vraiment.  On dirait que c'est un environnement difficile créé artificiellement pour faire bouger les choses sur le front du commerce.  Les agriculteurs américains, généralement très favorables aux échanges commerciaux, ont été quelque peu sacrifiés. 

N'oubliez pas qu'en 32 ans, je n'ai jamais été un grand partisan du libre-échange.  J'ai toujours eu l'impression que cela force les agriculteurs à choisir le plus petit dénominateur commun en matière de prix.  Or, dans le contexte actuel où les Américains ne participent pas au CPTPP, ce n'est pas le cas, cela confère un avantage concurrentiel certain aux agriculteurs canadiens.

Tout cela se passe dans un monde où le président des États-Unis teste la théorie du chaos, sa propre théorie du chaos.  Il suffit de laisser voler les papillons.  J'écoute bien sûr mon ami brésilien Rodrigo me raconter comment des actions commerciales similaires ont engendré la révolution agricole brésilienne.  C'est intéressant.  Il faut se demander où tous les papillons vont atterrir.


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