Nouvelles Philip Shaw

2e choc du USDA avec son rapport de janvier

14 janvier 2018, Philip Shaw

Pour plusieurs producteurs, le mois de janvier est un mois où on se concentre sur ses plans pour la prochaine année. C’est aussi un mois au cours duquel on prend quelques jours de congé. Les vendeurs de semences sont habituellement très occupés de leur côté à vanter leur génétique à une populace réceptive. Le maïs est devenu tellement une culture remarquable dans son rendement qu’il a défié les attentes de plusieurs au cours des dernières années. On aimerait croire que tout ceci est plutôt une question de gestion, mais je crois qu’il faut reconnaître qu’il y a quelque chose dans la génétique des semences de maïs d’aujourd’hui qui nous donne un « boost » de constance dans sa productivité.

Bien sûr, les prix du maïs ne sont pas là où nous aimerions le voir. C’est si vous produisez du maïs comme grandes cultures versus si vous le donné à vos animaux.  Du maïs autour de 4 $US le boisseau dans l’ancien temps était certainement très intéressant, mais plus vraiment aujourd’hui. Les coûts de production ont augmenté avec tout le reste au cours des années. Les rendements plus élevés ont un peu calmé le jeu.

Le USDA est venu faire le poids avec la publication de son dernier rapport mensuel du 12 janvier. Le rapport de janvier propose toujours des estimations finales officielles pour les récoltes de la dernière saison. 2017 aura été toute qu’une année avec de la météo très variable dans l’ensemble du Corn Belt américain. Du point de vue d’un analyste, ce fût intéressant. Toute l’année, nous avons entendu parler à quel point les conditions sèches affectaient les cultures américaines de maïs et que le rendement n’était pas là. Cependant, le USDA a augmenté ses estimations de la récolte de maïs américain au-dessus des attentes tout au long de l’automne, et mes attentes personnelles étaient qu’il allait de nouveau le faire le 12 janvier. Je me disais que cette génétique du maïs finirait la saison en force même avec la météo plus sèche qu’à la normale dans plusieurs régions.

Le 12 janvier, le USDA a augmenté la récolte américaine de maïs 2017 à 14,6 millions de boisseaux avec des superficies récoltées de 82,7 millions d’acres. Il y sera arrivé en augmentant le rendement national du maïs à un incroyable 176,6 boisseaux à l’acre. Même avec toute cette météo sèche qui a affecté les cultures en 2017, le rendement du maïs aura été de 2 boisseaux à l’acre supérieur à 2016. La demande est toujours incroyablement forte à 14,470 milliards de boisseaux, mais elle aura reculé par rapport au mois dernier alors que les exportations et la demande d’éthanol ont été réduites. Les chiffres du maïs ont été une confirmation que malgré la météo très variable de la dernière année, les rendements du maïs sont remarquablement résilients.

Le USDA estime la production finale pour le soya à 4,39 milliards de boisseaux, sous les attentes des marchés. Ce résultat est basé sur un rendement national américain de 49,1 boisseaux à l’acre, ce qui constitue une réduction par rapport au 49,5 boisseaux à l’acre reporté en décembre dernier. Les acréages récoltés en soya sont de 89,5 millions d’acres, en hausse de 8% par rapport à l’an dernier. Il sera intéressant de voir au printemps prochain si les superficies en soya seront maintenues, augmentées davantage ou abaissées.

Les contrats à terme du soya ont grimpé sur la nouvelle, et ceux du maïs auront encaissé de légères pertes. Ce n’est pas un secret que ces prix sont écrasés par une offre  mondiale très importante. Le USDA a frappé un deuxième coup en prévoyant la récolte de soya brésilien à 110 millions de tonnes et l’Argentine à 57 millions de tonnes. Ces récoltes sud-américaines ne sont pas record, mais elles ne sont pas loin de l’être. Les conditions ont été chaudes et sèches en Argentine, mais de manière générale la météo sud-américaine aura proposé très peu jusqu’ici. Cependant, gardez à l’esprit que nous n’en sommes qu’à la moitié de l’été en Amérique du Sud et que les cultures pourraient encore être affectées par de mauvaises conditions. Ceci pourrait occasionner encore de bonnes variations des prix.

Bien sûr, fermer des prix pour ses grains en Ontario et au Québec n’est pas aussi simple que de juste surveiller les prix à Chicago. Le dollar canadien a gagné du terrain dernièrement, avoisinant présentement autour de 0,80 $US. Une chose que nous a enseigné 2017 est que les prix comptants de nos grains peuvent grandement changer, plus que ceux à la bourse. Ceci aura amené plusieurs producteurs de l’Ontario et du Québec à ne vendre seulement que sur une base « flat ». Autrement dit, lorsque le dollar canadien devient très faible, il peut être parfois avantageux de vendre, peu importe ce que les prix à la bourse font.

Cette situation est accentuée en Ontario et au Québec parce que les rendements du maïs auront été élevés l’été dernier. Ceci pèse lourd sur la base locale, qui pourrait avoir un dur lendemain de veille jusqu’à l’automne prochain. Cependant, il y a aussi de bonnes nouvelles. En Ontario, la base est plus élevée qu’elle ne l’est dans les terminaux à l’intérieur des terres aux États-Unis. Nous bénéficions aussi de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne dans lequel il n’y a aucun tarif pour le maïs canadien. Il y a aussi l’annonce du gouvernement ontarien qui veut passer à 10% d’éthanol dans l’essence d’ici 2020. Ceci devrait insuffler un regain pour la demande à venir en maïs en Ontario.

Bref, alors que nous passons à autre chose, le marché des grains à la bourse a besoin de nouvelles fraiches, bonnes ou mauvaises, pour que les choses bougent de nouveau. Ce sera certainement le cas en 2018. Espérons seulement que ce seront des nouvelles que nous aimerons.

 


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