C'est à nouveau cette période de l'année où votre fidèle scribe se retrouve sur le terrain du lever au coucher du soleil. J’ai souvent fait valoir que les jours les plus longs sont souvent les jours les plus courts, car le temps passe à une vitesse folle. J'ai souvent dit que se préparer à semer est toujours beaucoup plus difficile que semer en soi. En fait, lorsque j'appuie sur le bouton de pilotage automatique, c'est généralement beaucoup plus relaxant que d'essayer d'évaluer tout ce dont je devrais avoir besoin pour semer. Au milieu des gouttes de pluie du printemps, c'est un défi permanent.
Nous y arrivons; nous le faisons toujours et parfois le cheminement pour obtenir une récolte est assez mouvementé. Inutile de dire qu’il y aura encore beaucoup de jours du lever au coucher du soleil. Chose intéressante, je dois dire qu'à chaque fois que je vois le soleil se lever et se coucher, je pense à mes amis de l'autre bout du monde, au Bangladesh, qui voient tout le contraire. Lorsque le soleil se couche à Dresden, il se lève sur Dacca. Au contraire, quand il baisse à Dacca, il monte à Dresden. Tout cela me fascine.
Bien sûr, voyager là-bas nécessite de la planification et de la patience, et nous devons également penser au taux de change que nous devons prévoir une fois arrivé. Le dollar canadien fait la même chose ici, mais lorsque je voyage à l'étranger, j'ai toujours besoin d'obtenir la meilleure valeur pour mes dollars canadiens en devises étrangères. Au cours de ma vie, j'ai vu la meilleure valeur pour notre dollar dans les endroits les plus étranges.
Heureusement, les agriculteurs de l'Ontario et du Québec n'ont pas les mêmes difficultés à saisir ce que représente la valeur du dollar canadien dans le prix de leurs grains. Nous vivons dans un endroit où le dollar canadien est converti chaque jour en dollar américain. Ainsi, lorsque nous regardons les prix américains des grains à Chicago, nous savons toujours qu'il y a une sorte de composante de taux de change qui se transpose dans les prix que nous obtenons ensuite en Ontario et au Québec. Pour l’essentiel, le mécanisme lui-même est tenu pour acquis. Nos prix des grains sont liés aux prix à la bourse, plus ou moins la valeur de la base qui reflète l'offre et la demande locales ainsi que notre taux de change. C'est la couche supplémentaire à notre monde de commercialisation des grains ici en Ontario et au Québec.
Dans l'ensemble, la transparence des prix des grains est assez bonne dans le sud-ouest de l'Ontario. Cependant, à mesure que l'on se dirige vers l'est et qu'on arrive au Québec, elle peut devenir un peu plus obscure. Une partie du phénomène pourrait provenir du taux de change, mais une grande partie est liée à la concurrence oligopolistique pour les grains. C'est-à-dire qu'il y a une concurrence de la part d'un très petit nombre d'entreprises. Mais il va sans dire que le taux de change a aussi une influence considérable sur les prix de nos grains, en particulier pour le soya et le blé. Se tenir au courant de la valeur du dollar canadien par rapport à son homologue américain est sacro-saint pour accroître la rentabilité de la commercialisation de nos grains.
En termes simples, nous n'échangeons pas des dollars canadiens dans une ruelle sombre de Trinidad, de Dubaï ou du Bangladesh. Notre marché des devises ici est solide. Si vous voulez une antithèse à cela, demandez simplement à vos frères agriculteurs argentins qui produisent du soya et du maïs, qu'est-ce qu’ils trouvent le plus tangible et plus précieux, le peso argentin ou leurs grains? Ici, en Ontario et au Québec, nous préférons les dollars canadiens aux grains physiques.
Au moment où j'écris ces lignes, la Banque du Canada évalue le dollar canadien à un peu moins de 0,73 $ US. Cette valeur est historiquement assez basse pour le dollar canadien, mais nous fluctuons à ce niveau depuis deux ans. Demandez-vous par contre quel serait le prix de vos grains si le huard atteignait soudainement 0,80 ou 0,85 $? Nous savons tous que si c'était le cas, les prix de nos grains seraient beaucoup plus bas, en particulier ceux du soya et du blé. Bien comprendre cela est essentiel pour élaborer un bon plan de commercialisation pour les grains « produits en Ontario ou au Québec ».
Maintenant vous savez que j'aime mes amis américains. Cependant, gardez à l’esprit que la plupart de leurs analyses des bases que vous pouvez obtenir ignorent le taux de change. Il est ignoré parce que le discours américain est adapté aux Américains. Cela ne veut pas nécessairement dire que c’est mauvais, c’est ce que c'est simplement. Les agriculteurs québécois vont bien au-delà de ça pour comprendre et gérer le risque du taux de change, qui a un impact beaucoup plus important sur le prix de nos grains que tout ce que l'agriculteur américain ne pourrait jamais imaginer.
Le vendredi 10 mai, nous avons vu le dernier rapport WASDE de l'USDA. Tout va bien, même si je pense que cela n’est rien en comparaison de ce que disent les spreads et les bases futurs. Alors, à prendre avec un grain de sel. Pour les agriculteurs de l’Ontario et du Québec, nous avons besoin de bons prix à la bourse et d’une faible valeur du dollar canadien. C'est spécialement vrai à l’approche du mois de juin, une période de saisonnalité traditionnelle (prix plus élevés) sur le marché des grains. Nous devons connaître la valeur de notre dollar canadien et connaître les influences sur le marché des bases en Ontario et au Québec.
L'aspect suivi du taux de change du dollar canadien est facile, bien qu'il soit difficile de prévoir l'avenir. Comprendre les véritables influences dans le marché des bases locales s'apparente davantage à vendre des dollars dans un coin de rue sombre à Trinidad, à Dubaï ou au Bangladesh.
Des scénarios de ventes à prix fixe de ses grains en Ontario et au Québec en utilisant des ordres de vente à prix cible peuvent aider à cet égard.