Nouvelles Philip Shaw

L'évaluation du prix du maïs sera revue plusieurs fois d'ici novembre

29 avril 2023, Philip Shaw

Je suis prêt à semer du maïs et, comme à l'habitude, dès que j'active le guidage automatique, les choses deviennent beaucoup plus relaxantes. Je l'ai dit plusieurs fois que les préparatifs aux semis de printemps ou ceux pour la récolte à l'automne sont bien pires que de le faire réellement. Il y a un nombre infini de choses à préparer pour espérer que tout se passera bien dès le début. Pour moi, c'est comme ça depuis très longtemps, et apparemment ça ne change jamais.

Bien sûr, la technologie moderne change les choses dans une certaine mesure. Par exemple, nous avons le guidage GPS qui nous aide à travers nos champs avec une précision extrême. Il y a ces cartes de fertilité des sols et une foule d'autres choses que nous n'avions pas à une autre époque. En fait, votre fidèle scribe a semé beaucoup de maïs sur un tracteur sans cabine. Je frissonne encore à cause du froid qu'il faisait il y a de nombreuses années.

Semer et produire efficacement du maïs est une chose, essayer de saisir les opportunités de mise en marché de notre maïs en est une autre. C'est particulièrement difficile pour les agriculteurs de l'Est du Canada, car nous devons constamment prendre en compte les fluctuations du taux de change et les prix à la bourse du maïs. Il y a aussi la concurrence oligopolistique au sein de notre marché du maïs de l'Est du Canada qui tend intrinsèquement à garder les prix sous contrôle. La faiblesse du dollar canadien des deux dernières années a atténué cette réalité pour de nombreux producteurs de maïs de l'Ontario et du Québec.

Le marché à la bourse du maïs a beaucoup baissé ces derniers temps. Nous avons maintenant affaire à deux marchés distincts, le marché de l'ancienne récolte qui continue de tenir le coup avec des pertes atténuées par la rareté relative du maïs de l'ancienne récolte dans le grand Corn Belt américain. Par exemple, le prix du maïs de l'ancienne récolte a baissé d'environ 0,90 $ le boisseau par rapport à ses sommets de janvier dernier. Celui de la nouvelle récolte est en baisse lui d'environ 0,80 $ par rapport au premier janvier dernier. En d'autres termes, sur une grande ferme de l'Ontario ou du Québec, les revenus du maïs seront en baisse d'environ 160 $ l'acre par rapport à ce que vous auriez pu obtenir au 1er janvier dernier.

C'est un grand verre d'eau à avaler pour les producteurs de maïs de l'Est du Canada qui iront aux champs la semaine prochaine. Pourtant, les prix comptants du maïs de la nouvelle récolte de l'Ontario et du Québec se situent dans la fourchette de 6,50 $ (256 $CAN/tonne) au moment d'écrire ces lignes. C’est historiquement élevé, mais pas autant que certaines personnes se sont habituées à le voir au cours des deux dernières années. Mais, en même temps, c'est aussi 1,00 $ de moins le boisseau que ce qui pouvait être vendu au début de février.

Vous devez vous rappeler que ce n'est pas comme le marché du blé, qui est exaspérant et presque irrationnel avec des stocks en baisse presque partout, et des prix qui continuent de décevoir. Dans le marché du maïs, les prix réagissent à la récolte de l'an dernier, alors que tout le potentiel cette année est du côté de la nouvelle récolte. Par exemple, nous savons que le rapport de l'USDA indique que nous aurions 92 millions d'acres de maïs qui devrait être semé cette année aux États-Unis. Nous aurions des stocks de maïs américain qui devraient alors atteindre 1,342 milliard de boisseaux. Ensuite, nous avons bien sûr la récolte de maïs safrinha au Brésil qui, à ce stade, a profité de bonnes conditions et détient un potentiel record.

Alors, marquez la date du 18 juin à votre calendrier. En fait, notez-la sur votre smartphone et mettez une alerte. Pourquoi je dis ça? En termes simples, gardez à l'esprit le concept de la saisonnalité. Il nous indique quand les prix à terme atteignent généralement leur sommet et quand ils atteignent leur plus bas niveau. Pour le maïs, la plupart du temps, les prix plafonnent à la mi-juin et atteignent un creux au début d'octobre. Cela survient chaque année, bien que pas nécessairement tout le temps. Cela signifie qu'il y a probablement encore la possibilité d'un rallye du printemps pour le maïs à la bourse qui est sur le point de se produire en raison de la saisonnalité historique du marché du maïs.

Est-ce une cible en mouvement ? Tout à fait, et c'est surtout le cas à une époque où les prix du maïs de l'Ontario et du Québec ne sont peut-être pas assez bas pour être exportés. Gardez à l'esprit, comme je vous l'ai dit à plusieurs reprises, qu'une fois que la valeur d'une commodité atteint celle du marché de l'exportation, le dénominateur le plus courant est le mot "bon marché". Des marchandises sont des marchandises, indiscernables l'une de l'autre, et ce sont des prix bons marchés qui deviennent le dénominateur commun. Pour les producteurs de l'Ontario et du Québec, cela peut signifier que vous pourriez être tenté de fermer des prix de manière défensive. Mais d'un autre côté, il y a tout ce risque que d'attendre puisse être profitable avec les caprices du printemps et de l'été.

C'est quelque chose que nous ne savons pas. Nous ne savons pas non plus si la récolte de maïs safrinha du Brésil atteindra un record ou subira les aléas d’une autre maladie des cultures qui réduira la production de maïs brésilien. Nous ne savons pas si 2023 sera à nouveau 2012 ou 1988, lorsque la sécheresse dévastatrice a redéfini les prix du maïs. C'est toujours un joker dans notre jeu de cartes, surtout au moment où nous nous préparons à débuter la saison.

Certains de ces facteurs de marché sont les mêmes qu'avant, et d'autres sont différents. Gardez à l'esprit que la réalité de notre marché du maïs en 2023 est bien différente de ce qu'elle a déjà été. À l'époque où je conduisais mon tracteur sans cabine pour semer mon maïs, il n'y avait pas d'éthanol. Aujourd'hui, ce marché représente 5,250 milliards de boisseaux aux États-Unis, ce qui équivaut à 38% de la production de maïs prévu pour 2023. Puis, il y a ensuite toutes les choses dans le champ qui nous rendent plus efficaces, et tellement plus productifs et bien sûr plus profitables.

Mes premières heures à semer du maïs signifient généralement que je dois aussi creuser le sol, à la recherche de semences pour déterminer si j'ai semé trop profond ou pas assez. Puis, il y a tous les autres ajustements. Gardez à l'esprit que la lecture que nous avons actuellement pour le marché du maïs de 2023 est ce qu'elle est. Cependant, il n'est pas anormal que d'ici à ce que nous le récoltions en novembre, cette lecture change à plusieurs reprises. C'est normal. Il pourrait avoir un autre "Cygne Noir"*. Ayez vos ordres de vente prêts. Bon succès à capturer de prochaines opportunités dans le marché du maïs.


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