Après une semaine de très beau temps, votre fidèle scribe a fini de semer son maïs et a commencé à semer son soya avant que des averses de pluie ne le chassent du champ. Il y a beaucoup de soya dans le secteur cette année, car le blé d'hiver a connu un démarrage très difficile à l'automne dernier, ce qui signifie cette année plus d'acres de soya pour une grande partie de l'Ontario. L'année dernière, je n'ai semé qu'une seule fois mon soya. Malheureusement pour moi, je le sème et resème souvent deux ou trois fois. Cela fait partie du travail nécessaire sur certains de mes sols argileux très lourds du sud-ouest de l'Ontario.

Espérons-le meilleur. C'est toujours agréable quand le soya que je sème fonctionne du premier coup et j'espère que c'est ce qui arrivera cette année. De manière générale, le soya dans le sud-ouest de l'Ontario apprécie une saison légèrement sèche avec des pluies opportunes. Trop de pluie et des sols trop mouillés pendant la saison ne sont jamais bons pour le soya.

Au moment où j'écris ces lignes, le soya dans le sud-ouest de l'Ontario s'annonce bien. Le soya de la nouvelle récolte vaut actuellement environ 18,85 $/bo.(693 $CAN/t) tandis que celui de l'ancienne récolte vaut 21,60 $/bo.(794 $CAN/t). Permettez-moi de vous rappeler que j'ai une feuille sur mon mur sur laquelle j'ai écrit il y a plusieurs années : « Je rêve de cultures de soya à 20 $/bo. ». Les prix du soya ont atteint ce niveau élevé pour la première fois l'an dernier en Ontario et il semble maintenant qu’il s’agit de la nouvelle référence la plus élevée. Aujourd’hui, le soya de juillet a atteint 16,90 $, aidé par un gain de 11,30 $ pour le tourteau de soya de juillet. En termes simples, ce sont des prix dont nous rêvions autrefois.

Le 15 mai, le soya américain était semé à 30 %, soit 9 points de pourcentage de moins que la moyenne quinquennale de 39 %. Nos amis américains prévoient de semer 91 millions d'acres cette année, même si j'ai lu différents rapports de marché qui disent que ce nombre sera réduit. Dans l'état actuel des choses, cette année, nous avons besoin de tout le soya et le maïs que nous pouvons obtenir des champs nord-américains, de sorte que toute réduction majeure de la superficie de soya soutiendra ou augmentera probablement les prix.

Cette année, en Ontario, Statistique Canada s'attend à ce que 3,029 millions d'acres de soya soient semés contre 2,936 millions d'acres l'an dernier. Au Québec, Statistique Canada estime les semis de soya à un peu plus de 920 000 acres. Au Manitoba, Statistique Canada estime que 1 305 millions d'acres seront ensemencés. Les chiffres pour l'Ontario seront à un niveau record, mais pas au Manitoba et au Québec. Inutile de dire que le soya occupera le maximum des parcelles de l'Ontario. Le monde a tellement faim d'huile végétale.

N'oubliez pas que le Canada dans son ensemble est un assez gros producteur d'huile végétale, pas nécessairement de soya, mais de canola. Nous avons reçu de très bonnes nouvelles cette semaine lorsque nous avons appris que la Chine allait enfin lever son interdiction d’importation de canola canadien qui dure depuis 3 ans. C'est une bonne nouvelle, mais c'est tellement léger comme effet par rapport au moment où l'interdiction réelle a été imposée. À cette époque, en réponse à la détention par le Canada du directeur financier de Hawawei, Meng Wanzhou, la Chine avait interdit l'importation de canola canadien. C'était un coup dur à l'époque, surtout à la lumière de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.

Le monde est actuellement différent en ce qui concerne l'huile végétale et le canola. Par exemple, la sécheresse de l'an dernier a réduit la récolte de canola au Canada, et nous avons également une augmentation de la trituration domestique ainsi qu'une utilisation accrue du carburant diesel renouvelable en vertu de la Loi sur les carburants propres. La semaine dernière, les prix du canola de l'ancienne récolte étaient de 27,00 $ le boisseau. En 2022, notre monde réclame des huiles végétales, les prix du colza et du soya en profitent. Meng Wanzhou est de retour en Chine et aujourd'hui même, le Canada a banni Huawei de l'un de nos réseaux 5G.

La valeur du dollar canadien a contribué à faire grimper les prix du canola et du soya. Il oscille actuellement entre 77 et 0,78 $ US et la conversion directe comme les prix à terme plus élevés font des valeurs de base en dollars canadiens parmi les plus élevées jamais enregistrées. La Banque du Canada prévoit d'autres hausses du taux d'intérêt et c'est généralement haussier pour le dollar canadien. Cependant, le dollar américain est également très dynamique et le dollar canadien évoluera toujours en sens inverse. N'oubliez pas que la dernière fois que nous avons eu des prix du soya proches de ces niveaux, c'était en 2012. Mais à ce moment-là, nous avions un dollar canadien au-dessus de la parité.

Les prévisions météo pour ma région ne sont pas bonnes pour les semis de soya au cours de la semaine prochaine. Il y a de la pluie prévue pour demain ainsi que le week-end, mais j'espère que je vais bientôt pouvoir aller aux champs. Le défi pour les agriculteurs ontariens et québécois qui sèment du soya, c'est que tous les risques sont sur la table. Dans ma carrière, même à l'époque où il n'y avait pas de capital et 20 % d'intérêts, il est difficile d'imaginer que les risques soient élevés. Nous sommes dans un environnement à risque au sein d'un marché à risque, où la seule cohérence est l’incertitude de la météo. Cependant, j'espère toujours ne semer qu'une seule fois mon soya. Avec les prévisions météo actuelles, ceci risque d'être un exercice intéressant au cours des deux prochaines semaines...