Nouvelles Philip Shaw

L'USDA remet les compteurs à zéro : préparez vos ordres de mise en marché.

07 juillet 2020, Philip Shaw

Le temps est devenu chaud et sec dans le sud-ouest de l'Ontario avec les avis de chaleur émis par Environnement Canada. Cela me rappelle ma jeunesse, à l'époque où je sarclais dans le soya. Il faisait chaud et les mauvaises herbes étaient si nombreuses qu'on avait l’impression de ne pas pouvoir y arriver. En 2020, les choses sont différentes : je peux passer la journée dans un tracteur climatisé et m'attaquer aux mauvaises herbes avec les nouveaux herbicides. Et pourtant, malgré le progrès, j'ai croisé l'autre jour dans son champ un agriculteur exceptionnel qui sarclait encore. Avec une résistance aux herbicides en hausse, qui sait ce qu'il sarcle. 

Inutile de dire qu'il va sarcler par temps chaud. Selon Environnement Canada, des températures de l'ordre de 30 degrés Celsius sont attendues au cours des dix prochains jours. C'est ce qu'on appelle une période de sécheresse pour un été chaud et humide. Elle aura des effets évidents sur les cultures et le moral des agriculteurs, comme les ballots de pailles sur les collines de sable.  D'ici la fin de la semaine, certaines régions du sud-ouest de l'Ontario auront cruellement besoin de pluie. D'autres régions à l'est du Québec ont été encore plus sèches pendant la fête du Canada. Ce sera terminé à la première pluie, mais il est parfois très frustrant de devoir attendre.

Sous un soleil plombant, l'USDA a publié le 30 juin son rapport tant attendu sur les superficies et les stocks. Le 30 juin est toujours une date importante, celle où le gouvernement américain justifie ses prévisions de superficie. Après avoir prévu 97 millions d'acres de maïs le 31 mars dernier, je pense que tous ceux qui avaient mis une option sur le marché attendaient d’obtenir une mise à jour de ces chiffres. Avec le Covid en toile de fond et les prix décevants du maïs, de nombreux observateurs s'attendaient à un changement important d’ensemencements dans le maïs au 30 juin. 

En fait, nous avons assisté à un petit tremblement de terre. Personne ne s'attendait à ce que l'USDA réduise les ensemencements américains de maïs de 5 millions d'acres à 92 millions. Je m'attendais à 95 millions juste à cause de l'amour des agriculteurs américains pour la culture du maïs. Ce chiffre plus faible que prévu était inférieur aux attentes du marché, mais 3 % d'acres de maïs de plus que l'année dernière. C'est donc un résultat un peu mitigé, tout le monde était persuadé d’une tendance baissière avant le rapport de l'USDA, et cela s'est avéré un peu trop vrai.  Les agriculteurs américains ont, dans une certaine mesure, répondu aux signaux du marché en ne cultivant pas autant de maïs que prévu. L'USDA a estimé les stocks de maïs de la récolte précédente au 1er juin à 5,22 millions de boisseaux, ce qui correspond aux estimations les plus élevées du marché. La disparition du maïs entre mars et mai 2020 a été de 2,73 milliards de boisseaux, contre 3,41 milliards de boisseaux l'année dernière. Cela reflète une partie du recul de la demande causée par le Covid 19. 

L'USDA a fixé la superficie de soja à 83,8 millions d'acres, soit 10 % de plus que l'année dernière. L'USDA a estimé les stocks totaux au 1er juin à 1,39 milliard de boisseaux, ce qui représente une baisse d'environ 3 % par rapport à l'année dernière. La superficie consacrée au blé était fixée à 44,3 millions d'acres, ce qui, là encore, était le plus bas depuis 1919. Cette tendance se poursuit alors que les agriculteurs américains se tournent vers d'autres cultures. Il est intéressant de noter qu'après avoir perdu environ 20 millions d'acres de production l'année dernière à cause des superficies qui n’ont pu être semées, les chiffres ne sont pas remontés cette année. Il y a encore un écart d'environ 3,8 % de la superficie des principales cultures par rapport aux chiffres de 2018. 

Les prix du maïs de décembre à Chicago a progressé d'environ 30 cents suivant le rapport de l'USDA et de 40 cents depuis le 26 juin. Dans le même temps, le prix du soya à Chicago a bondi de 40 cents suite à ces informations. C'était une réaction quelque peu émotionnelle, car le rapport de l'USDA était très surprenant en ce qui concerne les superficies de maïs et de soya, mais pas autant en ce qui concerne les stocks plus importants de l'ancienne récolte. Cependant, avec le temps chaud comme celui que nous connaissons en Ontario et au Québec, cela a renforcé le mouvement haussier post-USDA.  Tout temps chaud et sec soutenu jusqu'à ce week-end du 4 juillet pourrait certainement sceller l'avenir immédiat des contrats à terme des grains jusqu’à la mi-juillet.

Pour les producteurs de grains de l'Ontario et du Québec, cela pourrait représenter une opportunité de fixer des prix qui n’ont pas été au rendez-vous comme c’est généralement le cas en juin. Le Covid ayant supprimé cette possibilité, si une hausse des prix se poursuit au cours de la prochaine semaine, ayez vos ordres de vente dans votre plan de commercialisation de prêts. Certains pourraient être atteints très rapidement. Dans l'état actuel des choses, il est toujours bon de gérer les risques en préparant ces ordres de prix vente. Le marché n'attend pas et il se négocie la nuit pendant que vous dormez. 

Il existe une myriade de facteurs qui peuvent encore affecter les marchés. En Ontario et au Québec comme aux États-Unis, nous avons besoin que la demande d'éthanol revienne. Le dollar canadien continue de se situer au niveau des 73 cents américains. Les conditions météorologiques de ce mois-ci aux États-Unis sont cruciales pour la pollinisation du maïs. La pluie du mois d'août va déterminer le soya américain. Je vais récolter mon blé dans deux semaines. Peut-être que c'est ce jour-là qu'il commencera à pleuvoir. Qui sait? Il va sans dire que l'USDA a secoué le marché la semaine dernière. Maintenant, c'est au tour de la météo de juillet d'ouvrir la voie. Le défi pour les agriculteurs est d'être prêts. L'espoir n'est pas un plan de commercialisation, mais regarder dans le rétroviseur ne l'est pas non plus. Les prochaines semaines pourraient remodeler l'ensemble de notre environnement pour la vente de ses grains.


Partager cet article