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Est de l'Ontario et Québec : Les prix comptant du maïs sont-ils réalistes et pourquoi ?

19 février 2019, Philip Shaw

L'un de mes sujets de discussion préférés est la découverte des prix agricoles. Ce n'est pas aussi sexy qu'un tracteur neuf ou une culture de couverture, mais pour moi, il s'agit de l'une des choses les plus fascinantes auxquelles on peut penser sur le plan du marketing agricole. A quel moment le prix du maïs se justifie-t-il ? A quel moment le prix du soya se justifie-t-il ? Le prix du maïs et du soya est-il le même à 10 kilomètres de chez soi ? Le prix du maïs et du soya est-il réaliste ?

Pour ceux d'entre vous qui vivent dans une région agricole intensive, vous devez vous demander de quoi je parle. Par exemple, ici, dans le grand sud-ouest de l'Ontario, nous connaissons tous le prix du maïs et du soya qui figure sur les sites Internet et qui, avant, était affiché sur les tableaux noirs des nombreux silos à grains dans tout le pays. Il en va de même pour beaucoup d'autres endroits dans le Midwest. Pour bon nombre d'entre nous qui pratiquons l'agriculture, les prix des produits de base sont totalement transparents, mais ce n'est pas le cas à certains endroits. Si vous lisez cette chronique depuis maintenant 33 ans, je cite souvent le Québec et les provinces Maritimes où les prix comptant du grain sont un peu capricieux. Parfois, un prix n'est pas nécessairement un prix, mais plutôt une estimation à vue de nez.

Les choses sont en train de changer sur notre marché moderne, car la technologie Internet a contribué à faire connaître les prix dans différentes régions du monde. Je reviens tout juste d'un séjour de quatre jours dans l'Est de l'Ontario où mon intervention a porté sur les marchés céréaliers dans cette région. Grâce à sa proximité avec le Québec, l’est de l’Ontario conserve une dynamique de commercialisation du grain intéressante, en particulier la base de maïs la plus élevée en Ontario..

Comme on m'a invité à prendre la parole dans l'Est de l'Ontario, j'ai pensé que ce serait une bonne chose d’aborder les raisons pour lesquelles les prix du maïs dans cette partie de la province sont généralement beaucoup plus élevés que dans le sud-ouest ontarien. Je suis certain que les gens de l'Est de l'Ontario en ont peut-être un peu assez d’entendre parler des prix à terme des produits agricoles sans qu'on leur explique pourquoi leurs prix sont si élevés. Il va sans dire que cela tient en grande partie au dynamisme de la demande animale dans cette partie de la province ainsi qu'au Québec. Il y a un flux de grains vers le Québec et à partir du Québec vers le marché de l'Est de l'Ontario. Cependant, il est très difficile de savoir comment les grains circulent.

Fait intéressant, j’ignorais que l'un de mes followers sur Twitter, Doug McComb de Québec, avait fait le déplacement pour m'entendre parler mardi dernier. Je connais Doug depuis des années sur Twitter, mais je ne l'avais jamais rencontré lorsque j’intervenais au Québec. J'étais loin de me douter que la dernière question de la session m'avait été posée par Doug; elle portait sur les intentions d’ensemencements pour 2019. Comme les agriculteurs américains allaient semer plus de maïs, il se demandait s’il ne fallait pas planter plus soya. J'ai répondu à Doug en rappelant au groupe tous les fondamentaux baissiers en ce qui concerne les prix du soya. La réunion s'est bientôt terminée et je suis parti affronter le blizzard imminent prévu ce jour-là. Malheureusement pour moi, Doug m'a contacté après la réunion sur Twitter et j'ai découvert que c'était lui qui posait les questions. Nous avons échangé des messages dans lesquels il m'a dit que le prix comptant de décembre 2019 du maïs livré à l'automne dans sa région du Québec était de 5,58 $ le boisseau.

Quand j'ai vu le prix que Doug me citait, j'ai pensé aussi qu'il devrait faire pousser un peu plus de maïs. Le prix est d'au moins 0,60 $ plus élevé que ce qu'on m'offrirait ici, dans le sud-ouest de l'Ontario. Bien sûr, Doug est installé au Québec, où la transparence des prix ne présente pas vraiment une bonne cohérence historique. Cependant, si c'est ce qu'on offre à Doug, alors c'est ainsi? Mais au Québec, le prix du maïs devrait-il être plus élevé que celui proposé à Doug? Comment pouvons-nous répondre à cette question ?

D'une manière générale, on juge ce prix par rapport à ce que l'on sait. Par exemple, le maïs de la nouvelle récolte dans l'Est de l'Ontario peut être adjugé aujourd'hui pour environ 5,15 $ le boisseau. Ajoutez environ 0,20 $ en plus de cette somme pour les produits FOB hors de la ferme. Cela signifie que les agriculteurs de l'Est de l'Ontario sont environ 0,20 $ moins chers que les agriculteurs du Québec dans la région de Godmanchester, au sud de Montréal, dans un des plus beaux pays agricoles au Québec, où Doug est établi.

Il y a des usines d'éthanol, des usines d'amidon, des installations d'exportation, du bétail en abondance, mais pas beaucoup de maïs comparativement au reste de l'Ontario et au Midwest américain. En réalité, nous ne sommes pas très loin de la toundra gelée. Ok, c'est un peu exagéré, mais la production de maïs-grains est de plus en plus difficile en allant au nord et à l'est du Québec. Bien entendu, le prix comptant du maïs devrait augmenter au fur et à mesure que vous vous dirigez vers le nord et l'est du Québec. Cependant, est-ce le cas ? Quel est le lien avec l'Est de l'Ontario et existe-t-il un degré élevé de transparence en ce qui concerne la valeur ?

Ce sont là des questions que nous n'avons pas tous les jours dans le sud-ouest de l'Ontario et qui ne se posent certainement pas dans l'Iowa et l'Illinois. Toutefois, c'est une des raisons pour lesquelles la base de maïs de l'Est de l'Ontario est plus élevée que partout ailleurs dans la province. Pour les agriculteurs de l'Est de l'Ontario et du Québec, c'est l'occasion de commercialiser leurs cultures de façon plus rentable. Pour le reste d'entre nous, nous ne pouvons que regarder de loin et admirer. Ces prix sont-ils réalistes et pourquoi ?


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