Nouvelles Philip Shaw

Même au sommet d’une montagne des grains, je vois des débouchés commerciaux à l'horizon.

29 novembre 2018, Philip Shaw

Aujourd'hui était un nouveau jour pour la récolte 2018, avec un ciel couvert et la menace d'une pluie imminente. Ici, dans le sud-ouest de l’Ontario, la récolte a été incroyablement éprouvante. À mesure que le mois de novembre avance, il y a toujours beaucoup de soya dans les champs à l’autre bout de la province. Le maïs est haut, mais il a ses propres problèmes car les niveaux de DON sont élevés dans certaines régions. Une complication avec la récolte est toujours problématique pour les utilisateurs finaux des grains. Un éleveur de porcs m'a dit que si les niveaux de DON sont trop élevés dans son maïs, ses porcs ne bougent pas et poussent des cris stridents. 

J'ai les mêmes problèmes que n'importe qui d'autre dans la région. En Ontario et au Québec ces problèmes sont semblables à ceux des années précédentes, des années auxquelles nous avons tous survécu. Parfois, nous survivons un peu moins bien, mais c'est la nature même de l'agriculture. Si seulement nous pouvions contrôler les phénomènes météorologiques néfastes qui sont à l'origine de certains de ces problèmes.

Tout à l’heure, pendant que ma moissonneuse-batteuse sillonnait le champ, l'USDA a publié son rapport WASDE de novembre. Aux États-Unis cette année, nous avons eu de grosses récoltes et un grand nombre de personnes ont consulté le rapport de novembre pour confirmer de nombreuses allégations antérieures. En fait, l'USDA a diminué la production de maïs et de soya ainsi que les rendements pour 2018/19. Il n'y a pas eu de mouvement de limite, les prix se négociant à quelques centimes à la fin de la journée. Les grosses récoltes sont de plus en plus grosses, mais ce sont toujours de grosses récoltes. 

L'USDA a estimé la production de maïs des États-Unis à 14,626 milliards de boisseaux, soit 152 millions de boisseaux de moins que dans son rapport d'octobre.  En fait, il a réduit le rendement national américain à 178,9 boisseaux l'acre, ce qui représente une baisse de 1,8 boisseau l'acre par rapport au mois dernier.  L'USDA a également réduit le rendement du soya de 1 boisseau l'acre par rapport au mois dernier pour le ramener à 52,1 boisseaux l'acre. Les stocks de soya devraient s'élever à 1 milliard de boisseaux, alors que l'USDA estime actuellement à 955 millions de boisseaux, soit 70 millions de boisseaux de plus que le mois dernier. Mesdames et messieurs, c'est beaucoup de soya, mais ce n'est pas vraiment un scoop.  Toutefois, par rapport aux années passées, ces chiffres sur les stocks de soya s'apparentent à de la science-fiction. 

On peut attribuer une grande partie de cette hausse à la tiédeur des marchés jeudi dernier. Suite à la parution de ces nouvelles, le prix du maïs a augmenté d'un point et celui du soya a baissé de moitié. Il n'y aura pas de rapport sur la récolte WASDE pour décembre et il faudra donc attendre jusqu'en janvier pour avoir les chiffres définitifs. Cependant, avec des stocks de soya aussi importants, on peut pratiquement voir grossir à l’œil les intentions d’ensemencements de maïs américain au sud de la frontière.

On peut facilement observer la situation et se sentir à l'aise. Par exemple, à l'heure actuelle, on devrait tous prendre nos grains et nous cacher parce qu'il y en a tout simplement trop. Cependant, on sait que le monde ne fonctionne pas de cette façon et peut-être faudrait-il être plus optimiste. Il y a quelques variables dans l’équation qui pourraient faire grimper les prix à l'avenir.

L'un des facteurs le plus souvent évoqué pour augmenter le prix du soya serait une forme de compromis avec la Chine. On m'a demandé plus d'une fois au cours des deux dernières semaines ce que je pensais de la future rencontre du président Trump avec le président chinois en Argentine à la fin du mois. J'ai critiqué la guerre commerciale du président avec la Chine à cause de la chute flagrante de la demande chinoise de soya américain. Cependant, le président va souvent vite et je ne serais pas surpris que cela se termine rapidement.  Je dis cela en dépit de mes déclarations passées, quand je disais que cela pourrait durer des décennies. Je pense que tous les producteurs de soya américains aimeraient qu’il y ait une annonce au sommet du G-20 lorsque Trump et le président chinois Xi se rencontreront.

Certains d'entre eux le nieront peut-être et je comprends parfaitement pourquoi. Il semblerait qu’en réponse aux droits de douane imposés sur leurs produits, les Chinois aient réussi à ne pas acheter de soya. La Chine a également adopté différentes politiques pour réduire la quantité de protéines dans certaines rations alimentaires pour les porcs. Les primes brésiliennes pour le soya au comptant sont à peu près l'équivalent du droit de 25 % sur le soya américain. Je crois que comme n’importe quel autre consommateur, les Chinois agiront rationnellement s’ils trouvent une marchandise moins chère ailleurs. Je pense qu'ils finiront par acheter du soya à la source la moins chère possible, en l’occurrence les États-Unis. Il n'y a aucune raison particulière de continuer à donner de l'argent supplémentaire au Brésil pour une marchandise dont il n'a pas besoin. En fin de compte, les motifs de cette décision s'estompent. Malgré les intentions de la Chine jusqu'à présent, cela finira par changer. 

Le problème, c'est que personne ne sait quand, y compris votre fidèle correspondant. Cependant, je sais que les produits bon marché l'emportent généralement, surtout lorsqu'il s'agit de nos produits agricoles. À l'heure actuelle, les fèves de soya les moins chères restent sur les étals de la scène mondiale. C'est peut-être arrivé par des voies inhabituelles, mais ça finira par s'arranger. 

Bien sûr, il pourrait y avoir un Cygne Noir en Amérique du Sud qui ferait dérailler cette machine de production. Cependant, les choses semblent bien se passer en ce moment dans les champs de production là-bas. Inutile de dire que rien au monde n’est immuable et que Dame Nature aura probablement le dernier mot. Cependant, lorsqu’on est sur une montagne de grains, on peut avoir du mal à le croire. Ne désespérez pas ; dans un monde géopolitique comme le nôtre, il y aura dans l’avenir des débouchés commerciaux pour les grains.

 

 

 

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