Nouvelles Philip Shaw

Cultivez en 2015: Le changement continue d’être notre seule constante

16 octobre 2015, Philip Shaw

Il y a quelques années, j’ai échangé ma batteuse Massey Ferguson 850 pour une autre beaucoup plus grosse. Pour remettre les choses en perspective, mon Massey avait 16 rangs, alors que ma nouvelle batteuse John Deere 9510 en a 25. À l’époque, une batteuse de 25 rangs c’était quelque chose en Ontario, mais bien sûr maintenant quelques-uns de mes voisins ont même des 45 rangs. C’est fou ce que les choses changent avec les années.

Ça peut sembler étrange, mais c’est notre seule constante. Je pense à ça beaucoup. Lorsque je donne une conférence sur la commercialisation des récoltes, je discute toujours du fait que comme producteur, le changement est ma seule constante. J’ai maintenant 56 ans et j’écris cette chronique depuis pratiquement 30 ans. Ça fait de moi quelqu’un qui était très jeune dans les années 80, lorsque je tentais de commencer à faire ma carrière comme producteur. Je crois que je vous l’ai dit plus d’une fois, mais j’ai d’ailleurs eu mon premier prêt accordé à du 23,25%. 

J’ai eu l’occasion peu de temps après avoir acheté ma nouvelle batteuse de m’assoir à nouveau dans l’ancienne. Je me rappelle m’être approché près d’elle, d’avoir grimpé l’échelle et de m’être assis dans la cabine. Ça m’a semblé alors tellement petit que j’ai eu beaucoup de difficulté à croire que j’avais conduit cette batteuse pendant 20 ans. La superficie que j’ai aujourd’hui est un peu plus grande qu’avant. Cependant, pour ces 20 années, cette batteuse Massey était le diable que je connaissais. Le changement me permettant une plus grande capacité de récolte avec ma nouvelle batteuse a tellement été une bonne chose.

Est-ce que ça veut dire qu’un jour, je changerai ma batteuse pour une autre de 60 rangs? C’est ce que nous verrons. C’est une chose intéressante que j’ai de la difficulté à atteindre le maximum de capacité de ma batteuse actuelle. Il semble que mon équipement puisse avoir une énorme capacité, mais ma capacité à le conduire n’est pas aussi bonne qu’elle l’était avec le Massey bien plus petit. J’imagine que c’est ce que le fait de vieillir vous fait. Sauf que pas besoin de vous dire, je suis peut-être bien plus vieux, mais je ne travaille pas aussi dur aujourd’hui qu’avant, et il y a beaucoup de choses que je fais faire. Ceci est un exemple qui montre bien que ma seule constante est le changement, et combien la technologie change tout.

J’ai eu un téléphone aujourd’hui de CBC qui me demandait de faire une entrevue sur quelque chose que j’ai mentionné sur Twitter il y a quelques jours. Comme certains d’entres-vous le savez peut-être (ou non), je ne conduis plus rien sur ma ferme aujourd’hui. J’ai acheté un nouveau tracteur il y a quelques années qui était équipé du système de guidage RTK, et j’ai acheté une tierce unité de guidage pour mettre sur mon vieux tracteur de 37 ans et ma batteuse. Alors lorsque mon système de guidage est prêt et que je rentre dans le champ, il n’en tient plus qu’aux satellites pour assurer le guidage de mes équipements. En fin de journée, je suis plus frais et dispo, et le travail est mieux fait. Tout ça a ouvert un nouveau monde de possibilités pour moi.

J’ai mentionné aux gens de CBC que ce type de technologie n’était pas vraiment nouveau et qu’en fait, c’était très commun. La réponse que j’ai eue est qu’ils ne le savaient pas et qu’ils regarderaient pour en faire une prochaine thématique. Nous verrons ce qui arrivera ensuite, je ne me suis pas porté volontaire.

Bien sûr, le changement lui-même n’est pas toujours nécessairement bon. C’est simplement une constante. Par exemple, j’ai appris la semaine dernière que Monsanto allait mettre à pied 2 600 personnes parce que leurs ventes ne vont pas nécessairement dans la direction qu’ils espéraient. Alors que je prévoyais que les biotechnologies agricoles puissent permettre à des palmiers à huile d'êtres cultivés dans le sud-ouest de l’Ontario, ce n’aura pas été tout à fait le cas. De bien des façons, les grosses corporations agricoles qui voulaient vendre encore plus de leurs produits l’ont compromise. Pas besoin de dire qu’il y a toujours du bon dans le mauvais, et je vais prendre le meilleur. J’aurais aimé avoir pris beaucoup plus de photos de mes cultures et de ma ferme avant l’arrivée de certaines de ces nouvelles technologies. Ce serait certainement intéressant de regarder en arrière et de comparer ce que les choses étaient et ce qu’elles sont maintenant.

Par exemple, je peux me rappeler de mauvaises herbes que je ne vois plus aujourd’hui. D’un autre côté, j’ai maintenant des super mauvaises herbes qu’on n’a jamais eu l’habitude d’avoir. Une partie est liée aux pratiques agricoles, une autre aux changements chimiques avec les années. Pas besoin de dire que tout ceci me garde très alerte sur le large spectre de mauvaises herbes qui est toujours plus agressif. 

Bien sûr, je n’ai pas mentionné non plus les marchés des grains. Aujourd’hui, ils ne sont qu’un ramassis d’algorithmes de commercialisation de grain qui sont stimulés électroniquement par le flux de nouvelles suivant les rapports du USDA. Oui, ça aussi c’est changé, et ça va continuer d’évoluer.  Bien sûr, j’ai aujourd’hui l’avantage de l’âge et je peux regarder en arrière et voir comment tout ça a fait son bout de chemin. Parfois, je crois que quand tu es plus jeune, c’est difficile de comprendre ça. C’est peut-être un peu en lien avec le niveau d’endettement que tu as comme jeune producteur.

Bien sûr, résister au changement peut vouloir dire que tu prends du retard. Parfois, c’est la partie difficile. Est-ce que je deviens plus gros afin de confronter le changement que je peux me permettre? Ou, est-ce suffisant de garder l’esprit ouvert au changement? Disons simplement que rien n’est assez parfait pour que ça ne puisse être amélioré. C’est vrai pour notre ferme, notre commercialisation des grains, et pratiquement tout le reste.

 

 

 


Partager cet article