Bonjour, 

Il y longtemps que je n’ai pas lu autant de commentaires positifs sur les perspectives des prix du porc. En fait, les derniers c’étaient il y a 1 an déjà, avec le résultat que nous avons eu 2023. Les prix se sont mis à dégringoler jusqu’en mai pour se rétablir en été et finir l’année pas si mal, mais loin des sommets. L’année 2024 peut-elle être si différente? Surfons-nous sur trop d’espoir? Amusons-nous à décortiquer différentes perspectives et rumeurs et nouvelles. (on trouve le fun où on le peut! ) 

Comme je le mentionnais beaucoup d’analystes et courtiers sont des cheerleaders incroyables pour le prix du porc récemment. SI vous avez lu les commentaires de Jim Long et Dennis Smith récemment, vous comprendrez que vos cochons valent probablement autant que la poule aux œufs d’or! (pas l’émission de télé ou le gratteux, mais la poule du conte pour enfants!) Je pense que même Smith a émis l’hypothèse de voir des prix d’été tournant autour de 1.14 US / livre! Je vous le souhaite! Et cela demeure dans le domaine du possible. 

Voici un tableau qui illustre les données de production de viande de porc aux États-Unis en 2022, 2023 et les perspectives pour 2024. Ainsi en 2024, le USDA nous annonce une augmentation de 2,12% de viande de porc. En 2023, l’augmentation versus 2022 était 1,13%. En décembre 2022, on prévoyait que la production de 2023 se situerait autour de 27,1 milliards de livres. La production s’est avérée plus forte que prévu en raison de la productivité accrue (porcelets par portée). En parallèle,  il est intéressant de voir l’augmentation des exportations américaines prévue en 2024. Avec l’augmentation des exportations prévues, la production américaine devient de plus en plus dépendante de ces exportations. La beauté c’est que ces augmentations d’exportation et cette hausse dans la proportion de ces ventes américaines vient avec un maintien de la demande mondiale (pas de baisse de la demande internationale), mais aussi avec une diminution de l’offre de la part du principal concurrent sur le marchés internationaux : l’Europe. Par conséquent, les consommateurs mondiaux doivent jouer du coude pour la viande disponible. Vrai, le Brésil vient jouer dans les platebandes, mais il ne pourra pas tout combler la baisse de production et d’exportation sur les marchés internationaux. Dans le rapport suivant (https://apps.fas.usda.gov/psdonline/circulars/livestock_poultry.pdf), le USDA montre que les exportations du Brésil pourraient être de  1,5 millions de tonnes en 2024. Alors qu’elles étaient de 1.41 millions en 2023. On parle d’une augmentation de 100 000 tonnes. Des pinottes par rapport à la diminution des exportations de l’Europe depuis 3 ans (2 millions de tonnes). Il est bien possible que les exportations soient encore plus fortes que prévu aux États-Unis. Avec le début d’année que nous avons, le USDA pourrait être tenté par augmenter ces données. 

Production de viande de porc aux États-Unis (en millions de livres)

Il est intéressant de noter que des baisses de production entre les différents trimestres peuvent venir influer sur le prix de la viande et des contrats à terme. La variation est forte à la baisse cette année entre les mois janvier/février/mars versus avril/mai/juin (-7,08%). Alors que nous devrions avoir une hausse de production en été. C’est un peu contre-cyclique.

Exportations (en millions de livres)

https://www.usda.gov/oce/commodity/wasde/wasde0224.pdf

Exportations (en tonnes métriques

Par conséquent, si on dit plus d’exportations américaines, on doit nécessairement conclure moins de viandes en sol domestique pour les consommateurs américains. Il est toujours difficile de quantifier la consommation américaine. Il faut suivre, les ventes dans les supermarchés, les promotions. Les données  sont plus ou moins disponibles… Mais simplement rappeler que les inventaires américains sont bas tel que défini par le rapport de Cold Storage du mois dernier. L’économie continue de bien aller aux États-Unis et l’inflation se situe dans une relative normalité (ça pourrait baisser davantage cependant). Le prix de l’essence est sous contrôle, et les finances personnelles des ménages américains vont bien (indice de confiance du consommateur) et revenus disponible. Et le prix des viandes concurrentes ne faiblissent pas ou si peu (bœuf et poulet).

Revenus disponibles (en milliards)

A travers tout ça, les rumeurs circulent sur la production future autant en Amérique du Nord qu’en Chine. On nous parle encore de maladies (SRRP aux États-Unis). Il est même possible que nous ayons un choc quand nous découvrirons le nombre de porcs perdus récemment qui ne seront pas mis en marché cet été… A suivre…. La Chine pourrait être au prise avec une diminution trop rapide de sa production et c’est pour cela que le pays achète autant sur le marché d’importation (encore une fois, la Chine était la première dans le rapport d’exportation ce matin aux États-Unis avec 12 600 tonnes métriques). Le Bureau des statistiques nationales chinoises a publié 2 choses : 1) la production de viande de porc s’est établie à 57.94 millions de tonnes en 2023 une hausse de 5% et 2) le pays a importé 1.1 millions de tonnes de viande en janvier et février 2024 en baisse versus les 1.3 millions de tonnes en 2023.

En conclusion, on vit entre l’espoir et la déception. Il est vrai que le prix des grains a baissé depuis 4 mois et la profitabilté est maintenant au rendez-vous. Mais on connait la bipolarité du prix du porc. Tout est rose un jour et tout s’écroule le lendemain.  

Je vous ai mis les expirations des contrats à terme en 2023 versus les prix de 2024. On peut voir que les contrats sont optimistes par rapport à rapport à 2023, et ce malgré la hausse de production de 2% prévue. Donc, oui on peut supposer, si la demande est plus forte (domestique et exportations) et que le USDA diminue sa production (prochain rapport Hog & Pig) (je pense qu’il sera difficile de l’augmenter davantage compte tenu des ventes des truies qui continuent!), il existe un bel optimiste pour les prix. Mais encore une fois, l’équilibre reste difficile et précaire à atteindre.

FREDERIC HAMEL, CFA

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