Bonjour,
A la suite de mon commentaire de la semaine dernière, j’ai eu quelque conversations avec plusieurs clients au sujet de l’avenir de la production porcine au Québec, au Canada et même en Amérique du Nord. Il est difficile de tirer des conclusions futuristes, mais évidemment vous êtes nombreux à me signaler que les choses ne vont pas bien. Mais à mon grand étonnement, la grande majorité d’entre vous sont excessivement résilients et positifs malgré tout. Vous en avez vu d’autre dites-vous souvent. Les choses peuvent-elles aller pire ou sommes-nous sur le point de vivre un revirement de situation?
Je regardais la publication du Sterling Pork Profit tracker (https://cdn.farmjournal.com/inline-files/PorkTR%2012-7.pdfet) les pertes financières pour un naisseur/ finisseur lors de la semaine finissant le 2 décembre dernier étaient de 48.99$ USD par cochon produit ou abattu. L’an dernier, les pertes étaient de $3.64 / tête. Une situation catastrophique! L’industrie a abattu 2,7 millions de cochons la semaine dernière! Pas besoin de souligner que c’est énorme comme chiffre! Selon Sterling, on approche de la capacité d’abattage puisque l’utilisation de ces usines était de 99.6% Il est vrai que nous sortions de la Thanksgiving américaine, mais tout de même c’est une préoccupation que nous devrions avoir relativement à la capacité d’abattage puisqu’en 1998, le nombre de cochons avait excédé la capacité d’abattage avec les conséquences douloureuses que cela a apporté sur le prix au comptant. Si une semaine n’est pas problématique, le USDA avait rapporté que les abattoirs avaient reçu 2,687 millions de cochons la semaine précédente! Ca fait donc beaucoup de viande disponible.
Prix au comptant US (en cents / livre)
Encore une fois, le Porc Show a été un événement incontournable. Plusieurs conférences vraiment intéressantes et pertinentes. Mais on sentait une lourdeur pas vue depuis longtemps. L’éléphant dans la pièce demeurait sans doute l’avenir et la pérennité de la production porcine au Québec. On sent que le visage de la production pourrait changer dans les prochaines années (une autre fois!). Et cette situation pourrait s’amorcer dès la semaine prochaine avec l’annonce des primes et des coupures dans le programme d’ASRA. On imagine sans peine la nouvelle vague de producteurs et productrices qui penseront sérieusement, aux cours des prochaines semaines, à leur avenir dans la filière porcine du Québec. Quel message lance le Ministère d’Agriculture et le Gouvernement du Québec, derrière les annonces de la Financière Agricole?
Si on regarde un peu en avant en essayant de se consoler, les exportations américaines de viande de porc en octobre ont atteint un niveau de 245 345 tonnes métriques en hausse de 3% par rapport à l’an dernier. Si on regarde pour les 10 premiers mois de 2023, la quantité exportée est en hausse de 9% pour atteindre 2.38 millions de tonnes. Le USDA a rapporté que les exportateurs avaient vendu encore 28 200 tonnes métriques la semaine dernière. Rien d’ excitant, juste satisfaisant.
Hong Kong a indiqué avoir demandé d’éliminer 900 porcs d’une ferme d’élevage. Les autorités testent maintenant 8 fermes dans un rayon de 3 kilomètres. Et tout ça, un beau milieu de la bisbille entre le Vietnam et l’organisation mondiale pour la santé animale qui demande plus tests concernant le vaccin créé par le pays sur le virus de la fièvre porcine africaine. Clairement, on ne s’entend sur l’efficacité dudit vaccin. Les conditions climatiques en Chine sont extrêmement froides ces temps-ci, pourrait-on assister à d’autres problèmes concernant la production porcine de ce côté-là? On s’accroche à ce qu’on peut!
Le Mexique a suspendu temporairement les importations de viandes de porcs du Brésil. Depuis le mois de février 2023, le Brésil pouvait exporter du porc à son voisin du nord. Les producteurs mexicains ont eu gain de cause temporairement face aux géants livrant du porc au pays. Le Mexique avait importé 23 000 tonnes métriques durant le mois d’octobre de son partenaire brésilien. A contrario, le Japon vient d’autoriser des produits brésiliens sur les tablettes des épiceries japonaises. Ca joue dur dans le monde des exportations ces temps-ci. Chacun y allant de ses stratégies de commerce international pour maximiser les revenus des pays exportateurs et leurs industries.
Une autre chose qui joue dur ces temps-ci et un analyste le mettait bien en évidence la semaine dernière c’est le fait que plusieurs producteurs maintenant utilisent des formules de prix contenant le prix de découpe comme prix offert. Le problème ici, c’est que nous regardons le prix cash et la convergence avec le contrat à terme pour le hedging bien souvent. Le contrat de découpe devrait être notre ‘’benchmark’’ au Québec. Le seul souci, c’est que ce contrat ne se transige pas ou presque. Par conséquent, on se rebat sur le contrat à terme traditionnel pour se hedger. Normalement, une relation ou un écart existe entre les prix des contrats à terme et la découpe, mais on ne peut pas transiger cet écart. L’industrie devrait commencer à utiliser le nouveau contrat de découpe plus tôt que tard. Mais ca tarde pour des raisons difficile à cerner. ‘’Je veux pas être le premier’’, ‘’toi vas-y, utilises-le’’. On se croirait dans une relation d’amour d’adolescent qui demandait à l’autre de raccrocher le premier au téléphone (alors que les soupirs persistaient) : ‘’Toi raccroche’’ et l’autre qui répondait ‘’Non toi’’. Mais qu’à cela ne tienne, il faudra vraiment focuser sur cet enjeux en 2024. La Bourse du CME aura surement son rôle à jouer dans le marketing de cet outil. Et les géants de l’industrie, les brokers et les producteurs devront aussi emboiter le pas…
Contrat à terme Lean Hog de février 2024
Versus
Contrat de découpe février 2024
FREDERIC HAMEL, CFA
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