Bonjour,
‘’Attache ta tuque avec d’la broche, chérie l’hiver va être tough c’t’année’’ une autre petite chanson des Cowboys Fringants pour commencer cette chronique. Pourquoi? Parce que plus on lit les nouvelles dans le porc et plus on a l’impression que cet hiver rude pour de nombreux producteurs nord-américains.
En fouillant un peu les données économiques américaines, on s’aperçoit que le nombre d’entreprises en faillite aux États-Unis en 2023 (au 31 août) dépasse déjà le nombre de faillites répertoriées en 2021 et 2022. A ce rythme, il est possible que le nombre atteigne un sommet des 15 dernières années (2010). Mais ce qui m’intéresse dans ce triste palmarès ce sont les entreprises agricoles qui pourraient s’y trouver. En août, Valley Pork LLC a rejoint le cimetière des entreprises. Je ne connais pas leurs données de production, mais la dette nette se chiffraient à plus de 20 millions US.
Plus récemment, on apprenait la faillite de JWV Pork, une entreprise de l’Iowa qui, selon les données obtenues, produisaient près 400 000 porcs / an. Les documents de la cour parle de multiples défauts de paiement sur des dettes nettes de 38 millions de dollars. En juin, l’entreprise réduisait son cheptel reproducteur de 10%, mais les frais étaient intenables et les pertes tout simplement impossibles à surmonter. Je ne veux pas faire dans le pathos ce matin avec ces nouvelles, mais ce ne sont vraisemblablement pas les seuls dans cette situation. Combien d’entreprise porcines perdrons-nous en Amérique du Nord dans les prochains mois? En Europe, la situation est la même pour des raisons différentes parfois alors que les conditions d’élevage sont tout simplement impossibles à respecter. Il faut jongler entre les normes environnementales, le bien-être animal, la réduction des gaz à effet de serre qui sont devenues très exigeantes. En Belgique, le gouvernement flamand procède à une 2ieme ronde de fermeture volontaire des exploitations porcines. Ce n’est pas demain la veille que le nombre de cochons augmentera en Europe.
https://www.southeastiowaunion.com/news/major-washington-pork-producer-in-default/
Le USDA a produit son rapport GAIN et on peut voir à quel endroit dans le monde où la production sera en augmentation en 2024 : Brésil, Russie, Mexique, le Royaume-Uni et …. États-Unis!
https://apps.fas.usda.gov/psdonline/circulars/livestock_poultry.pdf
Je sais, plusieurs analystes se sont déchirés la chemise (Jim Long / Steiner) concernant les évaluations du USDA en regard de la production américaine de porcs en 2024. Pourtant, le USDA ne fait que suivre la tendance dessinée par les producteurs eux-mêmes à travers les années. Le USDA ne fait pas dans l’évaluation arbitraire des données et n’intègre pas des données circonstancielles ou de marché. Ils utilisent les données historiques et fiables pour projeter des anticipations. Et pour l’instant si on se fie aux porcs abattus récemment, le poids de porcs, les gains de productivité, tout indique que nous aurons davantage de production en 2024. Par contre, il faut reconnaitre que les perspectives économiques plus sombres nous donnent des conditions très difficiles pour les fermes et les exploitations porcines aux États-Unis. Et il serait surprenant de constater une hausse de la production surtout si d’autres fermes décident de fermer boutique au cours des prochaines semaines ou mois.
Malgré tout le pessimisme entourant la production mondiale et alors que même des experts comme Brett Stuart (Président de Global Agri-Trends – oui oui le même qui prévoyait une année 2023 fabuleuse! – ouch!) mentionnent qu’il existe des opportunités extraordinaires pour les producteurs de viandes, les économistes du USDA restent de glace et proposent plutôt un maintien sinon une augmentation globale de la production de viandes dans le monde en 2024. Il est difficile de se convaincre que cette opportunité est si extraordinaire que ça si jamais ces chiffres ci-dessous sont atteints! Les prix du bœuf demeurent obstinément élevés malgré la baisse récente alors que ceux du porc sont peut-être sous-évalués.
Le marasme des prix de fin d’année tient peut-être au fait de l’implantation de la Proposition 12 qui entrera en vigueur en Californie au 1 janvier 2024. Souvenez-vous de la baisse des contrats à terme durant la période d’avril et mai 2023. L’implantation devait débuter le 1 juillet 2023, mais une extension de la cour a accordé un délai pour les détaillants jusqu’au 31 décembre 2023. Serait-on en train de revivre le psychodrame printanier présentement? Ce serait une explication possible. Il est rare que le contrat de février se négocie à escompte (sous) le niveau de prix au comptant à cette période-ci de l’année. Comme si le future s’attendait à une baisse du prix cash dans les prochaines semaines ou plutôt comme si le future ne prévoyait pas de hausse dans le prix…. Les contrats à terme ne sont pas chers….
On reprend tout ca vendredi puisque la Bourse sera fermée demain!
FREDERIC HAMEL, CFA
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