Les agriculteurs argentins se préparent à commencer à planifier leurs récoltes 2022/23, mais ils le font dans un sombre nuage d'incertitude économique. Selon les analystes interrogés par la Banque centrale argentine, l'inflation tourne actuellement autour de 70%, mais elle devrait augmenter à 90% d'ici la fin de l'année. Les taux d'intérêt ont été récemment augmentés de 8 % à 60 %. Le taux de change officiel du peso argentin est d'environ la moitié du taux du marché noir et la dévaluation du peso n'a pas suivi le rythme de l'inflation.

Ces incertitudes économiques ont convaincu les agriculteurs de maintenir leur production de grains 2021/22 car les grains restent leur « argent en banque » et ils sont une couverture contre l'inflation. Les agriculteurs continueront d'être des vendeurs lents alors qu'ils attendent plus de clarté concernant la politique monétaire du gouvernement et la dévaluation anticipée de la monnaie.

Le coût des ensemencements de leurs cultures d'été va augmenter en raison de la hausse des prix des engrais, des produits chimiques et du carburant diesel, aggravée par le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Au cours des derniers mois, le carburant diesel a été rare, ce qui a entraîné des arrêts de travail périodiques chez les camionneurs.

Pour couronner le tout, l'Argentine a un nouveau "super ministre", Sergio Massa, qui supervisera désormais l'économie et l'agriculture. De nombreux observateurs le considèrent comme un opportuniste politique qui a accepté le poste ingrat de ministre de l'Économie pour poursuivre ses ambitions présidentielles.

Lors de son premier jour au pouvoir vendredi dernier, l'ancien chef du Congrès de gauche a présenté une série de mesures d'austérité visant à réduire les dépenses déficitaires du gouvernement. Massa est le troisième ministre de l'Économie nommé par le président Alberto Fernandez au cours du mois dernier et il reste à voir s'il aura les moyens d'arrêter l'hémorragie économique en Argentine.

La communauté agricole et le gouvernement argentin ont toujours eu une relation conflictuelle. Les agriculteurs et les éleveurs soutiennent qu'ils sont le seul point positif de l'économie, mais le gouvernement fédéral a interféré avec les exportations agricoles et les produits fortement taxés qui sont autorisés à quitter le pays. Rien de tout cela est de bon augure pour les agriculteurs qui se préparent à semer leurs cultures 2022/23.