La semaine dernière, j’ai mentionné qu’il neigeait dehors et malheureusement au cours de la fin de semaine dernière, ça n’a pas voulu cesser. Ceci a mis un frein à la récolte pour moi, alors que j’attends pour un peu de températures au-dessus de zéro pour la mi-novembre, quelque chose qui devrait être un coup de circuit pour moi. Pas besoin de le dire, la récolte sera retardée à la semaine prochaine. Cette mauvaise météo s’est étendue sur l’ensemble des grandes régions de production de l’Est canadien. De Windsor à la ville de Québec et encore plus loin, le maïs est couvert d’une bonne couche de neige.
Ceci change la dynamique du marché, un sujet dont je parlerai plus loin. Mais tout d’abord, nous avons eu un rapport du USDA la semaine dernière, quelque chose qui donne toujours matière à discuter. Rappelez-vous, je ne pensais pas à l’offre, mais surtout aux projections de demande. Malheureusement pour le maïs, l’alimentation animale et résiduelle ainsi que la demande d’éthanol ont chuté de 25 millions de boisseaux. Les exportations américaines de maïs ont aussi été réduites de 50 millions de boisseaux. C’était une validation que le marché du maïs américain s’affaiblit et que la demande il est pour beaucoup.
Du côté de l’offre, les rendements de maïs comme de soya ont été réduits, mais dans les attentes des marchés avant la publication du rapport. Le USDA prévoit que les producteurs américains récolteront 13,67 milliards de boisseaux de maïs, basé sur un rendement national de 167 boisseaux/acre. Cette estimation est moins que le mois dernier par 1,4 boisseau/acre, une réduction de l’offre de 100 millions de boisseaux. Malheureusement, ceci n’aura pas résulté en une réduction des stocks de fin d’année, (1,91 mil. de bo.) alors que la demande a été réduite. Le ratio américain inventaires consommation était de 13,7%, ce qui est moins que l’an dernier à 14,6%. Les stocks mondiaux de maïs ont reculé pour 2019-20 à 296 millions de tonnes, un recul de 6,5 millions de tonnes partiellement du aux projections plus faibles de production.
Le USDA estime la production nationale américaine de soya à 3,555 milliards de boisseaux, basé sur un rendement national américain de 46,9 boisseaux/acre, la même chose que le mois dernier. Les superficies récoltées ont été maintenues à 75,6 millions d’acres. C’est sous le niveau national de rendement de l’an dernier de 50,6 boisseaux/acre. Le USDA a augmenté les inventaires de fin d’année de soya américain à 475 millions de boisseaux, alors que la trituration domestique américaine a reculé de 15 millions de boisseaux.
Globalement, les stocks de fin d’année ont été établis à 95,42 millions de tonnes, ce qui est un peu plus qu’en octobre. La production du Brésil est prévue à 123 millions de tonnes, alors que celle de l’Argentine est projetée à 53 millions de tonnes. La saison des ensemencements est débutée à plein régime en Amérique du Sud. La production américaine de blé a été laissée inchangée par rapport au mois dernier à 1,92 milliard de boisseaux.
Ce n’était pas un rapport positif, même si autant les estimations du maïs que du soya ont été réduits. Cependant, il y a une grosse mouche dans la soupe au moment où j’écrire ces lignes, et c’est la neige qui tombe quand je regarde par la fenêtre. J’estime que plus de la moitié de la récolte de maïs en Ontario est récoltée en date du 14 novembre et la récolte du maïs au Québec peut-être encore moins. Ceci veut dire que le marché comptant du maïs devient de plus en plus important par rapport à celui du marché du maïs à la bourse. La base du maïs augmente dans les élévateurs, mais aussi chez les fabricants d’éthanol ainsi que les autres consommateurs de maïs qui en veulent maintenant. J’ai reçu un téléphone d’un producteur hier soir qui m’a dit que les acheteurs veulent obtenir leur maïs pour livraison en janvier dès maintenant. Le problème est que, le maïs est toujours dans le champ. Idem pour pratiquement l’ensemble de l’Est canadien.
C’est un exemple de la façon dont les meilleurs plans peuvent parfois mal tourner. La semaine dernière j’ai parlé du marché du maïs à la bourse pour le maïs, présentement à 3,75 $US/bo. et dangereusement près de briser sous un support. Ce prix n’excite personne et indique qu’il y a beaucoup de maïs de disponible. 3,75 $US/bo. est le prix d’équilibre pour le marché du maïs sur l’échéance de décembre à Chicago. Cependant, nous savons tous en Ontario et au Québec, avec le maïs qui attend sous la neige, que ce n’est pas un prix qui est pertinent. C’est l’une des raisons pour lesquelles le prix comptant du maïs est à la hausse, basée sur ce qu’on voit au travers de notre fenêtre dehors avec la neige.
La semaine prochaine, je vais parler des marchés des grains à London Ontario. C’est ma première présentation suivie de trois autres de plus à Belleville et Milton en Ontario, puis le 3 mars à Summerside à l’Île-du-Prince-Édouard. Je vais présenter les différents facteurs des marchés qui déterminent certains de ces prix. Cependant, comme je l’ai dit souvent, la route est parsemée de personne qui pensait qu’il savait ce que les marchés boursiers feraient. Je ne sais pas, et c’est l’une des raisons pourquoi j’essaie davantage de me concentrer sur les facteurs qui affectent le marché comptant canadien. Ces facteurs varient particulièrement au fur et à mesure que vous allez vers l’est au Canada. Lorsque je vais à l’Île-du-Prince-Édouard, je devrais m’immerger dans la valeur unique de la base en Atlantique. Cette brise de la mer a tout qu’un effet.
C’est un mélange de bien des choses, mais clairement le marché comptant pour le maïs offre certaines opportunités, alors que la neige s’accumule. La partie difficile est de savoir comment le marché comptant va réagir et évoluer. Alors que vous allez vers l’est en Ontario et au Québec, ces facteurs deviennent plus obscurs. Pas besoin de vous dire, en dehors de la transparence des prix qui est un problème, alors que vous allez vers l’est, la base devrait augmenter.
Mais qu’en sera-t-il lorsque la neige fondera et que le soleil brillera à 20 degrés de nouveau? Cette base pourrait fondre comme Frosty le bonhomme de neige. Une routine d’intelligence quotidienne des marchés devient essentielle. Tout ça fait partie de notre gestion du risque au Canada. Ce marché à terme du maïs à la bourse m’apparaît de plus en plus déconnecté.