Nouvelles Philip Shaw

L'inflation s’infiltre dans l'agriculture canadienne

29 juillet 2021, Philip Shaw

La récolte de blé s'est achevée pour moi le 23 juillet, le meilleur temps de la saison l'ayant finalement emporté. J'ai dû faire face à une série de «facteurs externes négatifs », comme mes cousins économistes aiment à le dire. Il s'agissait d'un pneu tendre qui s'est transformé en clou dans le côté, d'un mauvais roulement de moyeu et d'un pignon qui se déplaçait de façon incrémentielle sur un arbre, ce qui a fortement sollicité les roulements de mon élévateur de résidus. Inutile de dire que j'ai pu parer à ces problèmes. Ma récolte de blé a été bonne malgré de nombreux problèmes de qualité dans la récolte de l'Ontario. J'appelle cela de la chance.

Le dollar canadien est passé sous la barre des 80 cents US la semaine dernière, ce qui a un peu amélioré les prix du blé en Ontario et au Québec. Bien sûr, comme d'habitude, les producteurs de céréales de l'Est du Canada surveilleront la valeur du dollar canadien dans leur tentative incessante d'équilibrer les prix à terme des céréales avec les devises étrangères. Le dollar canadien est une monnaie peu échangée, qui évolue généralement de manière inverse au dollar américain. Cependant, il évolue également en fonction des changements de taux d'intérêt de la Banque du Canada. Traditionnellement, la Banque du Canada utilise les taux d'intérêt comme un marteau pour contrôler l'inflation. Cela n'a pas été le cas dernièrement. La situation est très différente de ce qu'elle était auparavant.

Il est intéressant de constater que l'inflation des prix est passée au second plan au fil des ans. Je me souviens de taux d'inflation supérieurs à 10 % par an. Au cours de ces années, les taux d'intérêt étaient à deux chiffres et dans certains cas, comme en 1981, à plus de 20 %, car la Banque du Canada s'efforçait d'arroser l'inflation en rendant le capital beaucoup plus cher. Ces derniers temps, la Banque du Canada a toujours voulu maintenir l'inflation à 2 %. Dans la plupart des cas, elle y est parvenue. Cependant, les choses semblent changer maintenant, alors que nous nous dirigeons vers une sorte de monde post-Covid.

L'inflation devient de plus en plus présente. Regardez autour de vous, et vous pouvez la voir presque partout. L'inflation est un terme économique qui désigne un environnement où les prix des biens et des services augmentent dans tous les secteurs de l'économie. Pour ma part, je constate que les prix augmentent de façon constante tout autour de moi. Fait intéressant, le taux d'inflation au Canada est passé à 3,4 % en mai 2021, soit le taux le plus élevé depuis mai 2011. Il est difficile de dire où cela va nous mener, mais nous sommes peut-être en train de voir l'effet d’une trop grande quantité d'argent injectée dans un marché sans issue. Si l'on ajoute les mesures de relance Covid des deux côtés de la frontière américaine et canadienne, nous créons de plus en plus un environnement propice à l'inflation.

Dans les exploitations agricoles, nous le constatons en quantité. Pensez au prix des machines agricoles que l'on vous propose ou au prix des terres, etc. J'ai été frappé par l'article de Russ Quinn de DTN la semaine dernière sur les engrais, dans lequel il citait la potasse à 501 $ (US) la tonne, soit une hausse de 10 % par rapport à juin. (Dans l'article, Russ citait les augmentations de prix suivantes par rapport à l'année dernière.

« Le 10-34-0 est maintenant 34 % plus cher, la potasse 39 % plus chère, l'urée 53 % plus chère, l'anhydre 58 % plus chère, l'UAN32 59 % plus chère, l'UAN28 64 % plus chère, et le DAP et le MAP 71 % plus chers que l'année dernière. » (DTN Retail Fertilizer Trends.

Il est clair que, du point de vue des agriculteurs, tout cela est inflationniste. Vous pouvez aimer obtenir du maïs à 8 $, mais cela crée un environnement inflationniste tout autour de vous. C'est un engrenage dans une sorte de prophétie qui s’auto-réalise. Rester immobile vous fait prendre du retard encore plus vite. Bien sûr, si vous possédez un grand nombre de terres agricoles, cela vous donne une base pour surfer sur la vague.

Andrew Coyne, rédacteur du Globe and Mail, a récemment écrit un article sur l'inflation, dans lequel il nous met en garde contre le fait que les banques centrales atténuent les attentes en matière d'inflation, en disant que nous reviendrons à cet objectif d'inflation de 2 %. Cependant, il nous avertit que le taux d'inflation canadien est actuellement de 6,4 % en taux annualisé. Il pense que les banques centrales pourraient avoir tort de croire qu'elles peuvent contrôler la hausse des prix, surtout dans un contexte où les gens en viennent à s'attendre à une hausse de l'inflation. Cela pourrait mal tourner, surtout si l'inflation est beaucoup plus élevée que prévu et que les taux d'intérêt augmentent considérablement pour contrôler la hausse des prix.

Je trouve cela fascinant, principalement parce que je l'ai vécu il y a de nombreuses années et que je ne sais pas si et quand cela peut se reproduire. Dans les régions agricoles de l'Ontario et du Québec, il y a de l'inflation. Prenez le prix des terres, prenez les prix des engrais de Russ Quinn et convertissez-les en dollars canadiens. Ajoutez à cela des changements technologiques avancés et nous pourrions peut-être réussir à tout faire fonctionner. Cependant, l'horizon de gestion des agriculteurs est en train de changer dans un environnement où les prix sont peut-être en constante augmentation.

Le défi, bien sûr, est de trouver la voie à suivre. Dans ce monde post-Covid, cela va demander du travail. Notre économie change à nouveau et cette fois, il semblerait que l'inflation commence à s’infiltrer. Idem pour la ferme.

 


Partager cet article