Nouvelles Philip Shaw

Le rapport d'octobre du USDA a pesé dans la balance avec les grosses récoltes de cette année/

26 octobre 2018, Philip Shaw

Je suis sur le point de terminer la récolte du soya.  A cause des 50 mm de pluie qui sont tombés dernièrement, cela a été un sacré défi de trouver un sol sec et du soya sec. Il se trouve que je cultive un sol plus léger et plus sablonneux en plus de mon sol d'argile lourde. Comme l'argile met beaucoup plus de temps à sécher, je récolte d’abord sur les sols plus sablonneux. J'espère avoir un meilleur bilan de récolte la semaine prochaine.

Mon soya est peut-être humide, mais je peux avancer dans la récolte et pour moi, c'est une bonne récolte, meilleure que 2017. Après la parution du rapport d'octobre de le USDA, beaucoup d'entre nous peuvent peut-être penser la même chose. Le USDA a annoncé que les producteurs américains sont censés récolter 53,1 boisseaux de soya par acre, ce qui représente une hausse par rapport aux prévisions du mois dernier, qui étaient de 52,8 boisseaux à l'acre. Cela portera la production totale à 4,69 milliards de boisseaux. Avec cette augmentation de la production, les stocks de soya en fin de campagne de 2018/19 ont été évalués à 885 millions de boisseaux. Waouw, c'est un chiffre énorme, difficile pour quelqu'un comme moi de s'y habituer. Ce n'était pas l'année pour perdre toute cette demande chinoise.

Pour le maïs, le USDA a réduit le rendement du maïs américain à 180,7 boisseaux l'acre, ce qui est légèrement inférieur à la prévision du mois dernier de 181,3 boisseaux l'acre. La récolte de maïs des États-Unis s'élèvera ainsi à 14,83 milliards de boisseaux, ce qui constituerait le deuxième niveau de production le plus élevé jamais enregistré basé sur une prévision record de rendement à l’acre. Les stocks de maïs en fin de campagne pour 2018/2019 devraient s'établir à 1,813 milliard de boisseaux. 

Je sais ce que certains d'entre vous doivent se dire qu’ils ont déjà vu ça. Il y a quelques mois, j'ai dit qu'en tant qu'agriculteurs, nous en étions venus à considérer que nos gains de productivité annuels étaient presque un fait accompli. En d'autres termes, des rendements plus élevés sur une base régulière sont presque tenus pour acquis. Par exemple, un champ de maïs tout près de chez moi a été récolté récemment et l'agriculteur a dit qu'il avait obtenu entre 210 et 215 boisseaux par acre. Il a ensuite fait remarquer qu'il s'agissait d'un très bon rendement auquel il s'attendait presque, même s’il y a 10 ans, un rendement de 200 boisseaux de maïs n’était pas pensable. De toute évidence, nous avons eu une série de bons rendements depuis la sécheresse de 2012 et les agriculteurs ont enregistré des gains de productivité. Le rapport du USDA d’octobre en est une nouvelle indication.

Si seulement nous pouvions obtenir les mêmes gains au niveau de la demande de façon constante, nous serions peut-être en mesure d'obtenir des prix un peu plus élevés. Inutile de dire que l'USDA a maintenu ses prévisions d'exportation de soya à 2,06 milliards de boisseaux, soit le même chiffre que dans son rapport de septembre.  Beaucoup d'entre nous sont sceptiques à ce sujet, car les Chinois semblent déterminés à ne pas acheter beaucoup de soya aux Américains. Du côté du maïs, l'USDA a en fait augmenté ses prévisions d'exportation de 75 millions de boisseaux de maïs. Malgré les rumeurs contraires, la demande de céréales demeure importante. 

Cette demande est peut-être forte, mais tous les agriculteurs américains ou canadiens aimeraient bien qu'elle le soit davantage.  Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui, le président américain Trump et le président chinois Xi Jinping ont annoncé leur intention de se rencontrer fin novembre en Argentine lors de la réunion du G20. Bien sûr, je n’y serai pas et selon tout ce qu’on peut lire, les Chinois sont enthousiastes au sujet de la réunion et certains ne le sont pas tant que ça. Cependant, ne serait-il pas bon, dans une démonstration de foi, que les Chinois suppriment les droits de 25% sur le soya américain ? Ce serait peut-être un geste de bonne volonté que de permettre de redonner un peu de pondération à nos échanges agricoles.

A cause de la conjoncture actuelle, on nous a présenté en octobre des prix à terme d'environ 3,66 $ pour le maïs de décembre, 8,49 $ pour le soya de novembre et 4,95 $ pour le blé de décembre de Chicago. Ces prix sont généralement bas, mais ils ne sont pas les plus bas que nous ayons vus au cours des deux dernières années. Il y a toujours un argument dans les régions agricoles pour dire que nous avons atteint ces prix à cause de la surproduction en 2018. L'autre argument est que nous sommes arrivés à ces prix parce que l'administration américaine est très dure avec son meilleur client, les Chinois.  C'est certainement un peu des deux, mais cela ne réconforte pas les nombreux agriculteurs américains qui trouvent un marché au comptant désespéré et moribond pour leur soya cet automne. 

Il ne reste plus qu’à espérer que la réunion de novembre en Argentine n’apporte que de bonnes choses. Et si les droits de douane chinois étaient levés sur le soya américain au moment même où une sécheresse dévastatrice s'installe en Amérique du Sud ? En termes simples, il est facile d'utiliser l'agriculture dans le cadre d'une guerre commerciale lorsqu’on est en période d’abondance, mais il n'est pas si facile de la continuer si l'offre devient à risque. En 2018, l'offre n'est pas menacée, mais elle pourrait facilement le devenir si l'Amérique du Sud connaît des problèmes.

On devrait y voir plus clair à mesure que la récolte avance et que la réunion avec l'Argentine se rapproche.  Cette récolte n'est pas encore fichue, mais l'histoire nous dit que ce n'est qu'une question de temps. En fin de compte, ce ne sera pas bon pour la direction des prix des grains. Cependant, il y a encore beaucoup de flux de marché en jeu au-delà de votre horizon agricole. Ce monde a besoin de nourriture et le chemin pour s'en procurer comporte souvent de nombreux rebondissements.

 

 

 

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