Nouvelles Philip Shaw

Le USDA prévoit une bonne récolte, mais aussi une bonne demande

19 octobre 2016, Philip Shaw

 

La récolte de soya bat son plein en Ontario et au Québec. Les rendements sont particulièrement élevés dans mon secteur. Un agriculteur me disait justement aujourd’hui que son capteur de rendement lui donnait souvent une lecture de 80 boisseaux/acre. J’ai aussi entendu parler d’un voisin qui avait un rendement de soya de 74 boisseaux/acre. De mon côté, je me suis éloigné des 40 boisseaux/acre et, même si je n’ai pas des rendements de cet ordre, mon rendement de soya devrait être record ou presque cette année.

Il semblerait que de nombreux Américains soient aussi chanceux que nous. La semaine dernière, le USDA a publié son rapport d’octobre sur les cultures. Il a évalué la production de soya des États-Unis à un record de 4,269 milliards de boisseaux, faisant grimper le rendement à 51,4 boisseaux/acre. Le USDA attribue l’augmentation de rendement à un nombre élevé de gousses dans 11 des principaux États producteurs de soya. Autrement dit, les pluies du mois d’août ont été grandement bénéfiques et des rendements record sont attendus au Dakota du Nord, au Dakota du Sud, en Illinois, en Indiana, en Iowa, au Kansas, au Kentucky, au Missouri, au Nebraska, en Ohio et au Wisconsin.

Je n’ai pas été surpris outre mesure par les données relatives au soya mises de l’avant par le USDA puisque quiconque s’est donné la peine de suivre les médias sociaux a remarqué qu’on y affichait des rendements de soya importants. Je m’attendais à une modification du USDA, qui a augmenté sa prévision pour le soya de 68 millions de boisseaux par rapport à septembre. Il a également revu à la hausse son estimation de stocks de report de soya à 395 millions de boisseaux pour 2016-2017. Après tout, le soya n’est peut-être pas aussi « menteur » que j’ai tendance à l’affirmer…

Pendant des années, j’ai parlé de la supériorité agronomique du maïs par rapport au soya en ce qui a trait au rendement. J’avais l’impression de pouvoir semer du maïs chaque année et m’attendre à des gains de productivité élevés et constants au fil du temps comparativement au soya, qui semblait toujours avoir des gains de productivité bas ou décevants. Quelquefois, le soya avait une mine magnifique dans le champ, puis au moment de la récolte, les rendements n’étaient pas à la hauteur. Voilà comment le soya s’est taillé une réputation de grand menteur.

La situation est donc peut-être en train de changer un peu avec nos amis américains qui voient un rendement national supérieur à 50 boisseaux/acre. Serait-il possible que certaines nouveautés technologiques relatives au rendement du soya augmentent effectivement le rendement plutôt que la tolérance aux herbicides? La saison 2016 est peut-être une étape charnière et le signe de bonnes choses à venir.

Aussi, les bonnes nouvelles ne manquent pas pour les producteurs de soya puisque la demande est également élevée; elle est actuellement évaluée à 4,101 milliards de boisseaux aux États-Unis. Il s’agit d’une amélioration constante et, comme le soya du Brésil s’assèche dans les ports d’exportation, c’est une excellente nouvelle pour la grosse récolte américaine. Le prix du soya sera peut-être influencé au cours des prochaines semaines par la fin de la récolte américaine et l’accélération de l’ensemencement au Brésil.

Pour ce qui est de la demande de maïs, la situation n’est pas aussi reluisante que pour le soya, mais il n’y a tout de même pas à se plaindre. La demande aux États-Unis est maintenant estimée à 14,525 milliards de boisseaux. Même si le USDA a revu à la baisse sa prévision de rendement de maïs à 173,4 boisseaux/acre, on obtient tout de même une production de maïs record de 15,057 milliards de boisseaux. Ces chiffres sont astronomiques pour moi. Des statistiques de demande si élevées ne sauraient digérer un événement « black swan », rare et imprévisible, ni une sécheresse en Amérique du Nord ou du Sud au cours des prochaines années. C’est le côté haussier de la situation générale baissière.

Dans l’est du Canada, le dollar canadien à 0,75-0,76 $ US aide toujours les prix au comptant des céréales. En fait, les prix sont un peu un mirage. Le maïs demeure sur une base d’importation en Ontario, ce qui n’avait pas été le cas depuis longtemps. La récolte est compromise à de nombreux endroits et le maïs se déplace dans différentes directions. Les rendements de soya ont été si positifs dans certains secteurs, on stocke le soya sur place.

Bien entendu, tout le monde veut savoir quelle direction les prix prendront. Le prix des contrats à terme, je laisse ça à Darin Newsom et Todd Hultman, analystes principaux des marchés des céréales de DTN. Les prix du maïs et du soya sont neutres depuis des mois et il est possible, vu l’action des marchés dans les derniers jours, que la situation change. En Ontario, il ne serait pas surprenant de voir la forte base d’importation de maïs se poursuivre en 2017. Évidemment, la direction des prix du soya et du blé ici dépend du dollar canadien.

Le prix des céréales bougera peut-être en fonction de l’ensemencement qui prendra son envol en Amérique du Sud. Nous savons que nos amis sud-américains ont un potentiel de production incroyable. Nous savons aussi que le Brésil et l’Argentine ont connu des problèmes politiques. Tous ces facteurs auront leur influence sur les marchés. Le suivi quotidien des marchés est et demeure un des plus importants éléments à considérer dans la conception d’un plan de commercialisation.

 

 

 


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