Nouvelle

Et la guerre des acréages fût

17 février 2017,

 Depuis déjà un bon moment, les rumeurs et différentes hypothèses concernant ce que les producteurs sèmeront ce printemps fusent de toute part. Comme point de départ utiliser invariablement chaque année à ce sujet, le fameux ratio soya/maïs. Ce ratio consiste simplement à diviser le prix du soya prévu à la récolte par celui du maïs pour la récolte également. Plus ce ratio est élevé, plus on estime favorable et possible que ce soit le soya qui aura la faveur des producteurs, et vice-versa.

Depuis deux ans, on sait que ce ratio aura penché nettement du côté du soya. Et, de fait, les producteurs ont effectivement semé davantage de soya l’an dernier, une décision qui aura été payante. Que ce soit aux États-Unis comme au Québec, le prix du maïs a fondu à un creux inégalé depuis des années à la récolte. À l’opposé, le soya sera parvenu à garder la tête hors de l’eau, avec un prix au Québec qui est essentiellement demeuré au-dessus de 450 $ la tonne, frisant même à l’occasion plus de 500 $ la tonne dans les derniers mois. 

Cette guerre que ce livre chaque année les marchés, mais aussi les producteurs, vient par contre de prendre subtilement un nouveau tournant. 

À Chicago, le prix du maïs a repris du poil de la bête. Profitant de l’idée que les producteurs en sèmeront moins et que la demande gagne du terrain, il a franchi brièvement le cap de 4,00 $US/boisseau à la récolte dans la dernière semaine, un chiffre magique aux yeux de bien des producteurs aux États-Unis. C’est en effet à partir de ce niveau que les plus importants producteurs de maïs américains peuvent espérer commencer à dégager un profit. Autrement dit, la récente progression du prix du maïs pour la récolte à Chicago vient mêler un peu les cartes : est-ce que ce ne serait finalement pas plus intéressant de semer un peu plus de maïs ?

Selon les 1res anticipations, on s’attend à ce que les ensemencements en soya aux États-Unis bondissent à un nouveau record de près de 85 millions d’acres versus 83,7 millions d’acres l’an dernier. Jusqu’ici, certains analystes entrevoyaient même un bond plus important à 86, voire même 87 millions d’acres. À l’opposé, bien entendu, les 1res prévisions proposent un recul des ensemencements en maïs de près de -5% à 90 millions d’acres, ainsi qu’une baisse de ceux en blé (tout type confondu) de -3% à 48,5 millions d’acres. 

D’ici la fin mars prochain, deux évènements viendront galvaniser l’attention des marchés concernant les ensemencements américains. Le 1er aura lieu la semaine prochaine, les 23-24 février, avec la tenue de l’évènement Forum des Perspectives Agricoles 2017 (Ag Forum Outlook) du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA). Lors de ce forum, basé sur différents calculs, l’équipe d’économiste du USDA proposera un nouveau pronostique sur ce que seront les ensemencements ce printemps. 

Par défaut, on prend avec un grain de sel ces estimations, puisqu’elles sont basées strictement sur des calculs prévisionnels à partir de données historiques et économiques. Par contre, les marchés ne sont pas nécessairement insensibles à ces nouvelles informations, puisque l’objectif du forum n’en demeure pas moins de projeter des prévisions qui se veulent le plus « plausibles » possible.

Mais, c’est sans aucun doute la publication du rapport sur les intentions d’ensemencements américains du 31 mars prochain qui restera l’évènement déterminant aux yeux des marchés. Contrairement aux estimations qui seront présentées la semaine prochaine, le rapport du 31 mars est appuyé sur un sondage réalisé auprès des producteurs américains. Les prévisions d’ensemencements américains proposés à ce moment sont donc beaucoup plus concrètes et jette un premier coup d’œil bien réel sur ce qui sera semé au printemps. 

Dans les deux cas, les marchés ne manqueront pas de tenter d’anticiper les estimations du USDA, puis d’en digérer les résultats. Et avec le prix du maïs qui a récemment atteint son plus haut depuis l’été dernier à Chicago, les avis commencent à être beaucoup plus partagés à savoir s’il y aura autant de soya qui sera semé qu’on l’a cru jusqu’ici au détriment du maïs et du blé. 

Côté prix, cette situation de « guerre d’acréage » pourrait avoir un effet positif autant pour le maïs que le soya et même le blé. On sait que la demande est très forte pour le soya, ce qui aura d’ailleurs permis à son prix de rester plus ferme malgré une récolte record américaine à l’automne dernier. Alors qu’arrivera-t-il si on en sème un peu moins que ce qui était jusqu’ici prévu? 

À l’opposé, contrairement à l’an dernier, les demandes pour le maïs et le blé sont aussi en hausse de manière plus marquée. Ainsi, on ne peut se permettre de trop en délaisser la production au risque d’avoir à faire face à un manque à gagner l’an prochain. Par anticipation de cette problématique, on constate d’ailleurs déjà plus de fermeté dans les marchés du maïs et du blé.

Bien entendu, le dernier mot reviendra aux producteurs. Sauf qu’on constate rapidement qu’il n’y a pas nécessairement d’issues défavorables aux prix des grains pour le moment. Dans tous les cas, une ambigüité suffisante laisse entrevoir une lutte beaucoup plus serrée qu’on aurait pu le croire entre soya, maïs et blé. 

Pour les prochaines semaines, cette situation devrait rendre nerveux les marchés et offrir de belles opportunités de rebonds intéressants dans les prix. Ne manquez pas alors de contacter notre équipe pour travailler davantage votre commercialisation et atteindre vos objectifs de vente.

 

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