Nouvelle

On fait quoi avec le soya?

20 mai 2019,

Ça fait des semaines, si ce n’est des mois, que le marché du soya ne propose rien qui vaille.

À la bourse, les marchés avaient et ont toujours de nombreuses raisons pour brouiller du noir. Ceci tient pour beaucoup évidemment de la guerre commerciale États-Unis et Chine qui s’étire en longueur. On espérait il y a encore à peine deux semaines un dénouement heureux, avec un accord qui proposerait entre autres des achats importants de soya américain par la Chine. Mais, les négociations ont depuis tourné au vinaigre, le marché du soya à Chicago plongeant même brièvement sous la barre du 8 $US/bo..

La suite de cette histoire apparait de nouveau très incertaine. M. Trump affirme qu’il y a toujours de bons canaux de communication entre les États-Unis et la Chine. Ceci laisse encore et encore flotter dans l’air la possibilité d’un accord. À savoir quand et comment apparait par contre plus incertain que jamais.

Le 10 mai dernier, le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a aussi présenté son rapport mensuel d’offre et demande de grains. Ce rapport était particulièrement intéressant à surveiller, puisqu’il proposait un premier coup d’œil sur les perspectives d’offre et demande de soya aux États-Unis et dans le monde pour l’an prochain. Malheureusement, les premiers chiffres avancés n’ont rien de réjouissant.

Aux États-Unis, la bonne nouvelle, c’est qu’on peut en principe s’attendre à une baisse de la récolte de soya qui passerait d’un record en 2018 de 123,7 millions de tonnes à 112,9 millions de tonnes l’automne prochain. La mauvaise nouvelle, c’est qu’avec la guerre commerciale, le USDA n’entrevoit pas pour le moment des exportations assez fortes pour réduire de manière intéressante les stocks américains l’an prochain. Ils resteraient très près du record de cette année à 27 millions de tonnes. Donc à moins qu’il y ait entente entre les États-Unis et la Chine, il y aura encore beaucoup (…trop) de soya de disponible aux États-Unis pour justifier un retour en force des prix.

Dans le monde, la situation ne s’annonce pas nécessairement beaucoup plus favorable. Déjà cet hiver, les récoltes au Brésil et en Argentine ont frisé des sommets historiques. Et, à en croire les premières projections du USDA, il faut s’attendre à ce que ce soit encore le cas l’an prochain.

Bien entendu, certains diront que la météo difficile ce printemps aux États-Unis pourrait très bien changer les perspectives. C’est vrai. Cependant, avec des stocks américains et mondiaux à des niveaux exceptionnellement élevés, il faudrait en réalité que les conditions cette année soient particulièrement difficiles, voire catastrophiques, pour qu’on puisse assister à un vrai recul des stocks intéressant.

La dernière fois que ce fût le cas remonte bien évidemment à la fameuse sécheresse de 2012, année où la récolte américaine de soya qui était prévu au printemps à 87,23 millions de tonnes est passée à seulement 82,06 millions de tonnes à l’automne suivant. On parle donc essentiellement d’une réduction de 5 millions de tonnes. Si c’était le cas cette année, nous passerions de 27 à autour de 22 millions de tonnes. Historiquement, ce niveau des stocks américains resterait le 3e plus élevé jamais enregistré. Difficile de dire ensuite qu’il y a vraiment matière à s’inquiéter. Même avec une très mauvaise saison cette année, la marge demeure importante avant que les stocks américains puissent de nouveau être assez serrés pour préoccuper.

Heureusement, les marchés ne sont pas linéaires et, avec le recul très important des derniers mois, ils ont certainement déjà encaissé une bonne part des mauvaises nouvelles qu’il y avait à avoir. Le mauvais début de saison et le retard important des ensemencements américains donnent maintenant matière à espérer un peu mieux pour les prix du soya, même au Québec. Il demeure toutefois important de garder à l’esprit qu’en lui-même, le contexte ne permet pas pour autant d’espérer pour le moment des prix comparables aux dernières années. Et, c’est sans compter qu’avec M. Trump, nous sommes toujours à un Tweet près d’un imprévu qui pourrait tout autant faire bondir que plonger les prix. 

Alors quoi faire avec son soya? Le mieux demeure d’être très prudent et de récompenser toute hausse des prix avec des ventes progressives, même si ces prix ne sont certainement pas à la hauteur de ce qu’on souhaiterait. Cette année, le marché du soya IP offre aussi une alternative intéressante avec les primes proposées. Il reste d’ailleurs encore des contrats de disponibles, pour ceux qui aimeraient faire des changements de dernière minute. 

Vous avez encore du soya à vendre de l’ancienne ou pour la prochaine récolte? Pourquoi ne pas contacter l’un de nos conseillers en commercialisation pour évaluer vos objectifs de ventes et profiter au maximum des hausses possibles ce printemps!

Bon début de saison à tous!

 

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