Nouvelles Philip Shaw

Prévision du USDA à 175,4 bo/acre pour le maïs. Pardon?!

10 novembre 2017, Philip Shaw

Le temps froid est de retour dans le Sud-Ouest de l’Ontario et on commence à voir des prévisions de neige dans la province. C’est donc pas mal difficile pour les agriculteurs qui ont encore du soya dans les champs. La semaine dernière, environ 30 % du soya ontarien n’avait toujours pas été récolté selon les évaluations. Si la neige vient s’en mêler, ce n’est rien pour aider. En même temps, la récolte de maïs va bon train dans la province et j’y suis moi-même très occupé. Vous vous rappelez, il y a quelques semaines, je parlais du cycle vicieux de la productivité agricole. Et bien les rendements de maïs en Ontario prouvent que Statistique Canada avait peut-être raison avec son estimation de rendement moyen à 169,5 boisseaux/acre. 

Évidemment, on ne pouvait s’attendre à ça au cours de l’été. Les conditions météo étaient inégales en Ontario et l’ensemencement était difficile dans de nombreuses régions à l’est de Toronto. Maintenant, à mesure que le mois de novembre avance, il semblerait qu’il y ait eu un peu de magie dans les champs. Le nombre d’annonces de rendement sur Twitter à 260 boisseaux/acre pourrait vous surprendre.  

Moi, ça m’a vraiment étonné, mais il faut dire que je suis toujours un peu pessimiste en ce qui a trait aux récoltes américaines. Cet été, je me suis rendu en plein centre de l’Iowa après avoir entendu des histoires sur la sécheresse qui sévissait dans tout le Midwest américain. Lors de mon voyage, je constatais que les champs avaient bonne mine et, même si je savais qu’il ne s’agissait que d’un très petit échantillonnage, quelque chose me disait que la récolte aux États-Unis serait mémorable. Malgré cela, je n’étais pas préparé à voir dans le rapport de novembre du USDA tout juste publié l’annonce d’une prévision de rendement à 175,4 boisseaux/acre. Pardon?! Vous pouvez répéter?  

J’ai pris mon iPad vers midi pour voir les résultats du rapport sur l’état des cultures de novembre. J’étais au milieu d’une dure journée à charger les camions et à pousser la moissonneuse-batteuse plus loin dans les champs de maïs. Il va sans dire que lorsque j’ai entendu 175,4 boisseaux par acre, j’étais quelque peu sidéré. Les rapports sur l’état des cultures du NASS, qui fait lui-même partie du USDA, faisaient état d’une évaluation de rendement sous les résultats de 2016 tout au long de l’été et jusqu’en septembre. Voir un bond si important dans le rendement... personne ne s’attendait à ça. Le prix du maïs a chuté de 0,07 $ en une journée. Toute une aubaine pour les utilisateurs de maïs! 

Le USDA projette une récolte de 14,578 milliards de boisseaux de maïs. Ça a fait grimper les stocks de fin d’année de l’ancienne récolte à 2,487 milliards de boisseaux, ce qui devrait peser sur les prix jusqu’au printemps. Bien entendu, le coup de grâce pourrait survenir en janvier avec la publication des estimations finales du USDA. Dans la situation actuelle, même une menace météo l’an prochain ne présagerait pas d’une hausse des prix. C’est ce que nous avons vécu en 2017 et regardez où nous en sommes. Les baissiers du maïs contrôlent fermement le marché. 

Quant au soya, les données du USDA publiées pour novembre correspondaient davantage aux attentes. Le rendement de 49,5 boisseaux/acre était le même que dans le rapport d’octobre. Les stocks de report de soya ont en fait été revus à la baisse de 5 millions de boisseaux et le prix du soya a perdu 0,14 $ en une journée. Avec le soya qui a été ensemencé et qui pousse actuellement au Brésil, l’avenir est peut-être plus rose que pour le maïs, et ça commence déjà à paraître, même si le USDA a augmenté les stocks de début d’année (2015-2016) pour le soya. Oui, leurs stocks de début, ce qui n’est pas très logique, mais c’est la prérogative du USDA. Il s’agit peut-être d’une des principales raisons pour lesquelles le prix du soya a baissé. Les temps sont simplement durs pour les grains.  

Évidemment, les marchés des contrats à terme sont une partie de notre équation des prix et l’autre c’est le dollar canadien. Il fluctue actuellement autour de 0,78 $ US, ce qui porte le prix au comptant du maïs à environ 4,12 $ le boisseau dans le Sud-Ouest de l’Ontario et le soya à 11,80 $ le boisseau. Dans l’Est ontarien, la base est toujours beaucoup plus élevée que dans le reste de la province et de nombreux producteurs en ont profité. Ce n’est pas facile de croire que la base dans le maïs en Ontario augmentera prochainement vu les rendements élevés dans de nombreuses régions de la province. 

Bien sûr, nous sommes nombreux à nous demander s’il est possible de voir des prix beaucoup plus élevés dans les marchés actuels. Ça paraît tellement improbable. La nuit n’est jamais aussi noire qu’avant l’aube... mais l’aube est peut-être encore loin. La demande de maïs demeure très bonne, mais elle est constamment surpassée par l’abondance de l’offre. La demande de soya est insatiable, bien plus que le maïs. Alors j’imagine que le monde est en attente d’une baisse de rendement. Ce n’est certainement pas ce qui est arrivé cet été en Amérique du Nord.

À mesure que le temps passe, l’attention sera portée vers les cultures en Amérique du Sud. Cette semaine, des agriculteurs m’ont envoyé des photos de quelques beaux champs. Il est triste de devoir souhaiter le malheur de quelqu’un d’autre pour voir une hausse de prix. Autrement dit, c’est au tour de l’Amérique du Sud. D’une manière ou d’une autre, quelque part, l’abondance de l’offre de grains devra diminuer pour que les prix augmentent. Ça arrivera. Mais personne ne sait quand ni comment.

 


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