Nouvelles Philip Shaw

Les États-Unis se retirent de l’accord de Paris

09 juin 2017, Philip Shaw

La situation s’est finalement améliorée cette semaine. J’ai eu trois jours consécutifs de temps sec qui m’ont permis d’avancer l’ensemencement de soja pour la peine. On se sent toujours comme dans un marathon. Il reste du travail à faire et j’espère avoir terminé avant que le mois de juin soit trop avancé. Dans l’ensemble, l’Ontario est en retard dans ses semis et, avec un peu de chance, Mère Nature nous donnera un coup de main.

Bien entendu, ce n’est jamais certain. Une fois dans ma carrière, il m’est arrivé de faire fi des prévisions météorologiques à long terme, mais ça ne m’arrive plus… j’ai appris à connaître le gourou météorologue de DTN Bryce Anderson au fil des années. J’ajoute ce qu’il dit à tous les autres rapports que je lis. La façon dont notre climat fonctionne est certainement devenue un sujet intéressant.

Et c’est devenu encore plus intéressant jeudi de la semaine dernière lorsque le président Donald Trump a annoncé que les États-Unis se retiraient de l’accord de Paris sur le climat. M. Trump avait fait cette promesse lors de sa campagne électorale. Évidemment, nombreux étaient ceux qui espéraient qu’il changerait d’idée après l’élection, mais il n’en a rien été.

Je n’ai pas été très surpris du retrait des Américains. Lors de l’annonce, Donald Trump a dit qu’il représentait les gens de Pittsburgh, pas de Paris. Que vous saisissiez cette logique ou non, je la respecte venant de lui. Autrement dit, le président des États-Unis doit se faire respecter. C’est une des raisons pour lesquelles j’étais convaincu qu’il irait de l’avant avec le retrait de l’accord de Paris. Les gens doivent arrêter de penser que Trump est un démagogue américain. Il représente des électeurs aux États-Unis qui se sont reconnus dans son populisme. 

Il est difficile de savoir comment la situation va affecter l’agriculture. On peut affirmer que l’éthanol et les biocarburants sont une facette importante de la tentative de nos voisins du sud de réduire les gaz à effet de serre. C’est peut-être aussi lié à la stratégie sur les changements climatiques que plusieurs ont appuyée au cours des dernières années. Comme M. Trump a retiré les États-Unis de l’accord de Paris, on pourrait penser qu’il serait encore plus aisé à l’avenir de se montrer moins favorable aux normes relatives au carburant renouvelable. Tout cela reste à voir. Je ne fais que parler.

La ministre canadienne de l’Environnement a mentionné qu’elle était grandement déçue. Elle a toujours appuyé une économie basée sur une croissance propre, qui crée des opportunités pour les entreprises. Bien entendu, elle dit que le Canada va persévérer dans sa lutte contre les changements climatiques. Le premier ministre aurait téléphoné à M. Trump pour lui faire part aussi de sa déception. Le président français a même fait une vidéo en anglais sur YouTube pour exprimer sa déception et demander aux spécialistes du climat américains de déménager en France, insinuant qu’ils seraient davantage respectés. Les États-Unis rejoignent maintenant le Nicaragua et la Syrie, qui étaient jusque-là les deux seuls pays membres de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à ne pas être signataires de l’accord de Paris. 

On ne sait pas trop ce qui adviendra maintenant. Le problème avec les changements climatiques, c’est que les effets d’une modification de nos habitudes maintenant ne seront mesurables que dans 30 ans. C’est donc très difficile à mesurer et ça rend la tâche un peu plus facile pour M. Trump de rallier ses électeurs et de retirer les États-Unis de l’accord de Paris.

Le discours sur les changements climatiques a aussi été dévalorisé dans une certaine mesure par les politiciens, qui associent la lutte aux changements climatiques à la taxe carbone. La taxation des pollueurs a toujours été censée inciter à devenir plus vert. Cependant, si on ajoute les magouilles politiques, il ne s’agit alors que d’une autre taxe. Les politiciens y deviennent accoutumés et la vie se poursuit. En 2017, il y a un peu de ça au Canada. 

Je suis déçu parce que je crois aux changements climatiques. J’ai lu avec intérêt tous les rapports au sujet de l’arctique canadien, qui semble se réchauffer. Vous le savez, je voyage souvent au Bangladesh et j’ai vu les effets de l’augmentation du niveau de l’océan; la salinité dégrade l’environnement en amont. Par contre, ne me demandez pas comment on peut arranger ça. J’ai tout de même l’impression que l’absence des États-Unis dans l’accord de Paris est un recul.

La situation devrait évoluer au cours des prochains mois. Comment nos amis américains s’y prendront-ils pour amadouer la communauté internationale qui a signé l’accord de Paris? Ou cette idée a-t-elle même effleuré l’esprit de l’administration actuelle? Alors la planète se réchauffe et il ne reste plus qu’à espérer qu’il sera possible de sauver quelque chose avec les États-Unis. Nos amis américains ont beaucoup à apporter. J’ose croire qu’ils ne resteront pas passifs dans ce dossier.

 

 


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