Nouvelle

Le marché des grains prend le mors aux dents

14 mars 2017,

Dur début de semaine pour les prix des grains à Chicago qui continuent d’être écrasés par les perspectives d’abondance de grains à l’horizon qu’a remis de l’avant le USDA avec la publication de son dernier rapport mensuel du mois de mars.

Brièvement, rappelons que ce rapport aura déçu en proposant plus de soya en inventaires aux États-Unis cette année, mais surtout, de bien meilleures récoltes du côté sud-américain, spécialement au Brésil. Ainsi, après des mois à s’attarder sur les chiffres positifs du côté de la demande de grains, les marchés concentrent de nouveau leur attention sur l’offre excessive qui préoccupe et justifie mal des prix élevés.

Hier, la publication du rapport hebdomadaire des inspections à l’exportation de grains américains n’aura pas été outre mesure négative. Celles de maïs ont même été très intéressantes à un sommet de 1,54 million de tonnes, dans le haut des anticipations, et plus que la semaine dernière (1,45 million de tonnes).

Par contre, les inspections de soya ont été plus décevantes à seulement 656 000 tonnes, dans les attentes des marchés (500 000 à 800 000 tonnes), mais toujours en perte de vitesse. La semaine dernière, elles étaient de 946 000 tonnes. Bien qu’à ce moment-ci de l’année, il soit normal d’observé un recul des chiffres d’exportations de soya américain en raison de l’arrivé des récoltes sud-américaines dans le marché, cette réalité soulève toujours des inquiétudes à savoir si le recul à venir ne sera pas excessif.

Les inspections aux exportations de blé ont été pour leur part de 0,519 million de tonnes versus 0,584 million de tonnes la semaine précédente, un niveau cependant dans les attentes des marchés.

En Amérique du Sud, les dernières prévisions météo proposent des conditions favorables pour les cultures. Le nord-ouest du Brésil devrait recevoir des précipitations bénéfiques pour la seconde culture de maïs en cours (Safrinha). 

Du côté de l’Argentine, des conditions plus sèches devraient permettre aux conditions humides de s’assécher, profitant aux cultures qui en sont à la fin de leur développement (maturation). 

Ainsi, pour l’heure, ces conditions sud-américaines favorables pour les cultures tendent à supporter les prévisions du USDA que des récoltes record de maïs et soya seront bel et bien au rendez-vous au Brésil cette année à respectivement 91,50 et 108 millions de tonnes. D’excellentes récoltes du côté de l’Argentine tendent aussi à se confirmer, le USDA prévoyant une production record de maïs 37,5 millions de tonnes de maïs et un second sommet suivant le record de l’an dernier du côté du soya à 55,5 millions de tonnes. 

Techniquement, les prix à Chicago encaissent toujours mal la situation, s’enfonçant à nouveau pour débuter la semaine. Les tendances haussières qui étaient en vigueur depuis l’automne ont ainsi été définitivement écartées, et il faut maintenant surveiller de premiers supports plus importants sur lesquels les prix pourront freiner leur chute : maïs (CàT Mai 17) à 3,60 puis 3,50-3,52 $US/boisseau, soya (CàT Mai 17) à 10,00 puis 9,90-9,92 $US/boisseau et le blé Chicago (CàT Mai 17) à 4,27 puis 4,15 $US/boisseau.

Mentionnons que jusqu’à tout récemment, les fonds spéculatifs avaient repris position dans les marchés du maïs et du blé, alors qu’ils détenaient depuis déjà plusieurs mois une importante position nette achetée dans le soya. Résultat, face à ce cuisant revers en cours, ceux-ci contribuent sans aucun doute accentuer la pression à la baisse avec des couvertures de positions/prises de profit. Il faut donc patienter, le temps que les « vendeurs » en ait pour le compte, et que de nouveaux éléments les invitent à se raviser. En principe, tôt ou tard, la prochaine publication de l’important rapport sur les intentions d’ensemencements américains du 31 mars devrait aussi contribuer tempérer leur hardeur.

À surveiller aujourd’hui, le rapport mensuel de trituration du NOPA (National Oilseed Processors Association) aux États-Unis pour le mois de février. En prévision de ce rapport, les marchés prévoient en moyenne que 146,09 millions de boisseaux ont été triturés en février. Ce serait un peu moins qu’en février l’an dernier où 146,181 millions de boisseaux avaient été triturés, et nettement moins que le résultat obtenu en janvier dernier de 160,6 millions de boisseaux.


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