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Publication du rapport du USDA : je ne demande que la paix dans le monde

13 janvier 2017, Philip Shaw

Le rapport du USDA de janvier est l’un des plus importants de l’année. En fait, un des trois rapports majeurs, avec ceux du 31 mars et du 30 juin. Je suis certain que vous êtes nombreux à débattre au sujet de celui qui est le plus important. Cependant, par le passé, le rapport de janvier est celui qui a occasionné le plus de volatilité dans les prix des contrats à terme puisqu’il s’agit de la dernière évaluation pour la campagne agricole qui vient de se terminer. Jeudi matin dernier, le USDA a publié ses estimations finales pour les récoltes monstres des champs américains l’année dernière.

La production de maïs aux États-Unis pour 2016 a été estimée à 15,1 milliards de boisseaux, soit une diminution de 78 millions de boisseaux par rapport à l’évaluation de novembre. La production de soja pour les États-Unis a également été revue à la baisse à 4,3 milliards de boisseaux, donc une réduction d’environ 54 millions de boisseaux. Des rendements de 174,6 boisseaux/acre de maïs et de 52,1 boisseaux/acre de soja, c’est assez incroyable, et ça reflète les conditions météo douces de l’année dernière dans la Corn Belt américaine.

La bonne nouvelle est probablement du côté de la demande dans le rapport des stocks trimestriels. Ainsi, de septembre à novembre, l’utilisation de maïs est évaluée à 4,5 milliards de boisseaux, soit une augmentation comparativement aux 4,1 milliards de boisseaux de l’année précédente. Pareil pour le soja. L’utilisation totale de soja est de 1,61 milliard de boisseaux de septembre à novembre; une augmentation de 15 % par rapport à l’année précédente. Et avec tout ça, le prix du maïs n’a monté que de 0,01 $ alors que celui du soja a grimpé de 0,28 $.

Parenthèse intéressante aujourd’hui : la superficie de blé d’hiver. À 1,8 million d’acres, il s’agit de la plus petite superficie d’ensemencement depuis 1909, époque de commercialisation du tracteur Waterloo Boy. En réalité, la superficie d’ensemencement n’a probablement pas changé, elle est juste ailleurs dans le monde.

En fin de compte, le rapport de janvier du USDA n’a pas changé grand-chose. On pensait qu’il pourrait y avoir une révision à la hausse de la production, mais ça n’a pas été le cas. Aussi, les données relatives à la demande sont restées élevées et dynamiques. Par exemple, les stocks de fin d’année de soja aux États-Unis sont évalués à 420 millions de boisseaux, ce qui est 60 millions de boisseaux de moins que dans le rapport de novembre. Probablement que cette estimation est basée sur les données historiques qui laissent présager que les stocks de report seront inférieurs à 200 millions de boisseaux en septembre 2017. Le USDA continue de sous-estimer la demande en soja.

Vous allez sûrement me contredire, je sais qu’il est exagéré d’affirmer que ce rapport était légèrement positif. Malgré la récolte record, le marché ne s’est pas encore effondré. Mais je dis que c’est exagéré parce que je suis convaincu que certaines personnes ont l’impression qu’il s’est effondré, particulièrement dans le blé et le maïs. Toutefois, malgré la récolte record et la faible baisse des prix, l’éléphant dans la pièce demeure l’investiture du président Trump le 20 janvier.

Simplement dit, voilà les facteurs fondamentaux des marchés des grains avant une guerre commerciale possible avec la Chine et d’autres pays. Voilà les facteurs fondamentaux avant la construction du mur de Trump entre les États-Unis et le Mexique, le deuxième plus grand importateur de maïs américain. On se demande maintenant… qu’est-ce qui nous attend?

L’attention se tournera bientôt vers la nouvelle campagne agricole et la superficie d’ensemencement aux États-Unis. La superficie d’ensemencement de blé d’hiver pourrait être la plus petite depuis 1909, ce qui laissera de la place pour augmenter la production de maïs et de soja. Nous valserons là-dessus jusqu’à la publication du prochain rapport majeur du USDA, celui du 31 mars.

Évidemment, on ne peut pas ignorer les bruits en provenance de l’équipe de transition Trump à propos de la Chine, du Mexique et d’autres pays. Les agriculteurs américains se sont habitués à des exportations agricoles considérables sans aucune menace d’action politique à l’encontre de leur effort. Le président élu Donald Trump a promis d’agir notamment contre la Chine, ce qui pourrait se traduire par des dommages collatéraux à une partie de ce commerce agricole. Personne ne veut se réveiller dans un avenir où un événement politique imprévisible aura durement frappé le prix des contrats à terme de blé. Malheureusement, tout le monde est sur les dents depuis l’élection de Donald Trump.

Bien entendu, tout cela est fluide et le dollar canadien est instable comme jamais. À la suite de l’élection de Trump, le dollar américain a grimpé et le dollar canadien a chuté. Aujourd’hui, c’est tout le contraire : le dollar canadien a remonté à 76 cents US. Il y a deux semaines, c’était plutôt autour de 73 cents.

La commercialisation est un tel défi avec le marché des changes!

Alors je ne demande que la paix dans le monde. Beaucoup, beaucoup de paix. Laissez la Chine tranquille, le Mexique aussi, et bien sûr le Québec et le Canada. Les marchés des grains semblent vouloir nous donner une chance en ce début d’année. Nous n’avons plus besoin de surprises. Le 8 novembre était suffisant.

 

 

 


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