Nouvelles Philip Shaw

Président Trump : l’agriculture canadienne n’a encore rien vu!

25 novembre 2016, Philip Shaw

L’élection présidentielle américaine est maintenant chose du passé. Disons simplement que lorsque le pays le plus puissant du monde change de dirigeant, ça ne passe pas inaperçu. Toutefois, personne ne s’attendait vraiment au résultat, y compris votre fidèle chroniqueur. Donald Trump élu président… je ne me suis pas encore complètement fait à l’idée.

Pour ceux qui me suivent depuis 30 ans, vous savez que je crois beaucoup aux sondages. En fait, il y a belle lurette, lorsque je terminais ma maîtrise, mon domaine de prédilection était les études de marché, alors je baignais dans les sondages ou, du moins, je me penchais sur les principes scientifiques sous-jacents. Les sondages menés de façon adéquate et scientifique, avec des résultats statistiquement significatifs, ne se trompent presque jamais. Ainsi, comme pratiquement toutes les firmes de sondage légitimes prévoyaient la victoire d’Hillary Clinton, j’y ai cru. La seule chose qui aurait pu changer le résultat prévu est une montée de dernière minute dans l’appui à Trump. C’est peut-être ce qui s’est produit en partie. Mais je pense que la plupart d’entre nous avons été bernés par de piètres sondages. 

Alors nous en sommes là aujourd’hui, le cauchemar auquel de nombreux Canadiens ne croyaient pas s’est réalisé : un président qui est contre l’accord de Paris sur le climat, l’ALENA et le Partenariat transpacifique et dont le slogan est « America first ». Le Canada est le plus important partenaire commercial des États-Unis, ce n’est pas à prendre à la légère. Certains agriculteurs canadiens ont fondé leurs espoirs sur les échanges commerciaux, surtout dans l’Ouest canadien, mais il est temps de se montrer réaliste. Je m’attends à ce que le président élu aille de l’avant avec ses promesses. Les Canadiens vont devoir s’ajuster. 

Le problème, c’est que… ouf! Tout un ajustement en vue. Probablement que la plupart d’entre vous se disaient qu’Hillary Clinton allait l’emporter et que tout continuerait de rouler comme sur des roulettes. Seulement, voilà, un changement radical s’apprête à nous frapper. M. Trump dispose du capital politique pour faire ce qu’il veut, d’autant plus que les deux chambres du Congrès sont aux mains des républicains.

Le premier ministre Trudeau a répondu de façon appropriée à la suite de l’élection. La réaction classique d’un premier ministre canadien est de s’ajuster aux États-Unis et de déclarer aux médias qu’il travaillera avec la personne élue. M. Trudeau l’avait dit avant l’élection et il a maintenant invité le président élu, Donald Trump, à venir au Canada à la première occasion. M. Trump annonce un programme ambitieux après son investiture le 20 janvier; j’espère qu’il pensera à son voisin nordique. Le Canada doit préserver ses échanges commerciaux avec les États-Unis; il a beaucoup à y gagner. Une rencontre entre Trump et Trudeau cet hiver ne pourrait pas faire de tort.

Gardez à l’esprit que je comprends ou, tout du moins, j’essaie de comprendre la raison de l’élection de Trump. Tout d’abord, il a remporté la majorité des grands électeurs, et c’est ainsi que ça se fait aux États-Unis. Toutefois, il a également obtenu près de la moitié du vote populaire, ce qui signifie qu’il représente un grand nombre d’Américains qui ont de véritables préoccupations. Certains Canadiens, et certains Américains aussi, peuvent trouver répugnantes certaines affirmations qu’il a faites publiquement. Mais peut-on vraiment parler? Au Canada, nous avons aussi nos difficultés et nous avons autant de problèmes de racisme et de misogynie que les autres pays. M. Obama a rencontré M. Trump et affirmé qu’il espère l’aider à réussir sa transition. En tant que Canadien, c’est bon à entendre.

Le soir de l’élection, les marchés étaient extrêmement frénétiques. Le Dow Jones a plongé, même chose pour les marchés des céréales, mais ils ont remonté depuis. Avec un peu de chance, tout le monde se calmera et reprendra ses esprits en ce qui a trait à la nouvelle présidence. Ça ne passe jamais inaperçu l’élection d’un nouveau président américain. Aujourd’hui, comme il s’agit de l’entrée en scène d’une ancienne vedette de téléréalité milliardaire, l’effet est encore plus dramatique.

Je suis aussi très conscient qu’une grande partie de l’appui politique pour Trump provient des régions rurales, principalement des agriculteurs. J’imagine que l’appui aurait été le même pour n’importe quel candidat républicain. Je suis convaincu que le nouveau président est conscient de cette réalité et qu’il prendra grand soin des agriculteurs américains. 

Le défi pour le monde agricole au Canada consiste à défendre ses intérêts dans la bataille commerciale qui approche de toute évidence, mais aussi à demeurer concurrentiel. Une taxe carbone sera imposée au pays alors que notre plus important partenaire commercial songe à se retirer de l’accord de Paris sur le climat. Pas facile de demeurer concurrentiel dans un tel contexte. Cependant, il ne faut pas oublier que l’ère Trump ne sera pas exempte d’opposition à la sagesse populaire. Notre pays est peut-être le meilleur ami et allié des États-Unis, mais combien de fois avez-vous entendu le mot « Canada » au cours de la campagne électorale?

Je publie mes articles depuis 30 ans. Depuis le temps, j’en ai vu passer des premiers ministres et des présidents. Mais je n’ai jamais imaginé un président Trump. L’agriculture canadienne n’a encore rien vu!

 

 

 


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